Origine et histoire du Manoir du Pont-Créon
Le manoir du Pont-Créon est un ancien manoir situé à l'ouest du centre-ville de Caen, dans le quartier Saint-Ouen. Il est inscrit aux monuments historiques depuis le 1er juin 1927. Le bâtiment se trouve au 41 de la rue du Pont-Créon, à l'angle d'une voie qui forme un coude à 90° et de la rue du Mesnil. Il était à l'origine implanté le long de la rivière Petit-Odon, aujourd'hui couverte, au niveau du pont qui a donné son nom à la rue. À cet endroit se croisaient des voies menant vers Bretteville-sur-Odon, le moulin de Saint-Ouen et le couvent des Capucins, en direction de la place Villers. Le hameau appartenait au village de Villers, lui-même dépendant du Bourg-l'Abbé, une dépendance de l'abbaye aux Hommes (Saint-Étienne de Caen). L'abbaye Saint-Étienne aurait obtenu ce domaine par attribution de Guillaume le Conquérant. D'abord appelé Pont-Ozouf, le lieu tiendrait son nom actuel du sieur Crion(t) qui, vers 1255, l'aurait reçu moyennant redevances à l'abbaye. Le secteur n'a été véritablement urbanisé qu'à la seconde moitié du XXe siècle. Dès le XVe siècle, le domaine était partiellement clos de murailles. Le manoir fut érigé en 1599 par le sieur ou seigneur de La Motte, l'inscription "GO DE LA MOT 1599" étant visible sur le bâtiment ; il pourrait s'agir de Georges de La Motte ou de Nicolas Guillaume de la Motte. Il figure sur le plan de Caen de 1672 dressé par François Bignon. La présence de la rivière a favorisé, tout au long du XIXe siècle et au-delà, l'implantation de blanchisseurs et de lessiviers, parmi lesquels les familles Vauquelin, Groult, Loison et Huard. Au début du XXe siècle, le numéro 8 de la rue abrita notamment une société de blanchisserie et l'entreprise Lapouza et Cie, qui après 1934 y créa un lotissement de maisons à loyer modéré dans le cadre de la loi Loucheur. Le manoir, longtemps siège d'une ferme, fut occupé entre 1867 et 1920 par Auguste-François Deverre et son épouse Maria-Eugénie Groult, qui l'achetèrent le 29 octobre 1867 pour 22 000 francs après l'avoir exploité et loué. Sur le plan architectural, le manoir présente une belle porte d'entrée, un pavillon à toit pyramidal et un grand colombier, ce dernier ayant été jugé vétuste et raccourci en 1937. Une porte cochère élégante, visible sur de nombreuses photographies de 1902, a été détruite pendant l'Occupation de 1940-1944.