Origine et histoire de la Manufacture
L'ancienne manufacture, dite aussi minoterie d'Abzac, est mentionnée dès le XIVe siècle; un bail pour la construction d'un moulin y est accordé en 1471. Le site, implanté au nord-nord-est de la commune, se situe à l'extrémité d'une allée d'environ 150 mètres partant de la route départementale D17, en face de l'église Saint-Pierre. Vers 1650, Raphaël de Fournel achète le domaine et reconstruit partiellement le château. En 1763, le moulin à blé, revenu par alliance au seigneur de Goderville, est agrandi : des magasins bordant la rivière sont étendus et deux foulons à drap y sont installés, puis remplacés en 1768 par des meules à farine ; le nombre de meules passe alors de quatre à sept. En 1780 on élève deux ailes, une forge, des écuries et une écluse, et le site est en grande partie reconstruit. En 1793 le conventionnel Romme choisit le domaine pour une fonderie de canons ; le moulin est démoli mais le projet est rapidement abandonné. En 1796 des négociants bordelais achètent le site, reconstruisent les bâtiments et créent une minoterie mécanisée qui fonctionne jusqu'en 1883. Par la suite, le site accueille successivement une huilerie, une rizerie, une micro-centrale hydroélectrique et une scierie, puis, à partir de 1928, les Cartonnages d'Abzac devenues Abzac S.A., fabricant de mandrins pour papeteries et de fûts en kraft. Une nouvelle cartonnerie est construite dans les années 1960 puis agrandie dans les années 1980 ; la société devient le premier producteur français dans son domaine. À partir de 1980, Abzac S.A. entreprend une restauration visant à restituer la configuration et l'aspect de 1780 ; le site est partiellement inscrit au titre des monuments historiques en 1980 et des bâtiments ont été classés par arrêté du 10 juin 2013. L'équipement et la puissance motrice évoluent au fil des siècles : en 1763 la minoterie disposait de trois paires de meules et de deux foulons, en 1768 de sept paires de meules, en 1856 de deux turbines et sept roues à cuve entraînant huit paires de meules et un crible, en 1867 d'appareils de nettoyage fournis par Brault et Béthouard (Chartres), en 1872 de quatre rouets et de trois turbines Francis (146 ch), en 1873 de quatre chaudières à vapeur, en 1883 d'une turbine à axe vertical (Brault et Teisset, Chartres), en 1891 de quatre turbines de 15, 25, 45 et 75 ch, en 1925 de quatre turbines de 100 kW et de deux machines à vapeur de 200 et 400 kW, et entre 1953 et 1993 de quatre turbines Kaplan (Alsthom Charmilles) d'une puissance de 236 ch fonctionnant à 163 tours par minute ; en 1993 la cartonnerie reçoit des machines de spiralage des mandrins et d'enroulement droit pour le Kraft liner. La mécanisation est ancienne : dès 1880 toutes les opérations de manutention et de transformation de la farine sont mécanisées et la production est expédiée chaque quinzaine sur trois bateaux pouvant chacun accueillir 500 sacs d'environ 100 kg. Le personnel a varié selon les périodes : en 1850 la minoterie emploie cinq meuniers, deux commis et sept manœuvres, en 1868 l'huilerie compte 60 personnes, en 1890 l'effectif atteint 150 ouvriers et en 1982 Abzac S.A. emploie 200 personnes. Le domaine conserve un fonds d'archives privées.