Origine et histoire
La manufacture des tabacs du Havre, située 37 rue de Bretagne, est une ancienne usine de fabrication du tabac. Créée par la Compagnie des Indes en 1724, elle s'appuya jusqu'en 1728 sur l'ancien grand jeu de paume utilisé comme atelier. La construction d'un nouvel ensemble débuta en 1726 d'après les plans de Jacques Martinet, ingénieur du roi, et de Gabriel, premier ingénieur des Ponts et Chaussées. L'édifice principal formait un quadrilatère autour d'une cour, avec magasins et bureaux au rez-de-chaussée et ateliers à l'étage, et bénéficiait d'un aqueduc alimenté par la fontaine Saint-François. À partir de 1728 fut élevé un second bâtiment autour d'une cour d'honneur, dont le portail était surmonté des armes de la Compagnie des Indes et de deux attributs du commerce. Un grand magasin et un troisième bâtiment furent ajoutés respectivement en 1745 et 1765. La manufacture ferma en 1791 et fut adjugée à la société en commandite Delafraye, Clarisse et Delonguemere. En 1811, le monopole de la fabrication et de la vente revint à la Régie des droits réunis — devenue en 1814 la Régie des contributions indirectes — et l'établissement fut racheté par la société impériale puis royale. Un quatrième bâtiment fut édifié en 1822 sur le quai de Lamblardie. La modernisation se poursuivit au XIXe siècle : une première machine à vapeur fut installée en 1830 par l'ingénieur Haleroft, l'entrepôt voisin fut annexé en 1856, une machine horizontale de 30 cv fut posée en 1857 par Mazeline, et en 1862 l'ingénieur Demondésir fournit torréfacteurs et hachoirs. Après les bombardements de 1944, il ne subsista que des vestiges de la manufacture, finalement abattus en 1960; toutefois la porte monumentale en pierre de Caen et de Caumont, démontée, a été conservée. L'ensemble a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 2 décembre 1946.