Origine et histoire de la Manufacture des tabacs
L'ancienne manufacture des tabacs occupe l'emplacement de l'ancien hôtel des fiacres, bâtiment du milieu du XVIIIe siècle aménagé en 1805 pour y installer une fabrique de tabac, transformée en Manufacture impériale en 1811 après le rétablissement du monopole d'État. En 1824, l'architecte Michel-Jules Bonfin fut chargé d'ériger la grande façade donnant sur la place Rodesse. Le corps principal, précédé d'un avant-corps, présente douze travées sur deux niveaux percées de baies rectangulaires à encadrement saillant ; la cour intérieure est organisée en péristyle. La manufacture connut plusieurs agrandissements au cours du XIXe et du XXe siècle, notamment en 1825, en 1843 et en 1920, et le bâtiment de l'horloge fut surélevé en 1929. Dès le milieu du XIXe siècle la production se mécanise : une machine à vapeur est installée en 1865 puis, entre autres équipements notés, des appareils de mouillade, des hachoirs, torréfacteurs et machines à paqueter figurent dans l'inventaire de 1870 ; des lignes et matériels modernes sont encore recensés en 1980. En 1928 la fabrication atteint 1 975 276 kg, dont 1 328 520 kg de scaferlatis ordinaires. Après la Seita spécialisée la manufacture à partir de 1945, l'établissement se consacre principalement à la fabrication des cigares ; dans les années 1970 il produisait annuellement 180 000 000 de pièces vendues sous une quinzaine de marques et vingt-six présentations. À son apogée la manufacture employait une main-d'œuvre nombreuse et essentiellement féminine, avec par exemple 1 000 femmes sur 1 684 salariés en 1877 ; les effectifs évoluent ensuite fortement, de quelques centaines d'ouvriers dans les années 1980 à 87 salariés en 1987. La Direction des tabacs de Bordeaux gérait par ailleurs un réseau d'entrepôts et de magasins de transit en Aquitaine, dont Bordeaux et Bassens pour les tabacs exotiques. Désaffectés en 1987 puis vendus en 1989, les bâtiments ont été en grande partie détruits, la façade Bonfin ayant été sauvegardée et inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1990. Le site a depuis fait l'objet d'une réhabilitation et abrite aujourd'hui une maison de retraite.