Manufacture des tabacs à Riom dans le Puy-de-Dôme

Manufacture des tabacs

  • 63200 Riom
Propriété d'une société privée

Période

4e quart XIXe siècle, 1ère moitié XXe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures de la manufacture comprenant les bâtiments A, B, C, D, F, G, K, L, M, N, O, R, S, X, ainsi que la cheminée industrielle, les cheminées d'aération des bâtiments C et D, le clocher et le cadran de l'horloge du bâtiment D, les ponts métalliques entre les bâtiments B et D et D et C (cad. BK 383) : inscription par arrêté du 13 octobre 2004

Origine et histoire

La manufacture des tabacs de Riom, souvent appelée la « Manu », a été fondée en 1869 à l’initiative d’E. Rouher. Les locaux historiques, situés au sud de la ville sur l’actuelle place Eugène Rouher, datent de la fin du XIXe siècle et ont été inscrits aux monuments historiques en 2004. À l’origine, la production démarre dans des locaux provisoires — anciens abattoirs puis caserne — où les premières cigarettes sont confectionnées le 1er février 1869, avant la construction d’une usine dédiée. Les premiers bâtiments permanents (A à Q) ont été édifiés entre 1877 et 1883 d’après des plans de l’ingénieur René Dargnies, assisté du service central des constructions des manufactures de l’État. L’implantation reprend un plan-type en H, déjà utilisé pour les manufactures de Châteauroux, Nantes et autres, avec des barres en avant et en arrière formant deux cours. Le complexe comprend un pavillon en briques et pierre dans la cour arrière, surmonté d’une cheminée, ainsi qu’une maison de directeur à l’aspect bourgeois, à deux étages et combles brisés. Pour limiter les risques d’incendie, les ateliers sont isolés par des passages et desservis par des passerelles métalliques ; la pierre de Volvic est largement employée dans la construction. Durant la mise en œuvre des fondations, un paléochenal et des vestiges gallo‑romains ont été mis au jour, parmi lesquels des murs, des puits, de la céramique et une statuette d’Harpocrate. La mécanisation mène à l’introduction de machines à cigarettes dès les années 1890 et à des modernisations successives : en 1907 sont ajoutés de petits bâtiments et des installations de déchargement côté voies, tandis qu’entre 1932 et 1936 un grand bâtiment d’exploitation est implanté parallèlement aux grandes barres existantes. L’énergie est d’abord thermique (machines fournies par les établissements Windsor de Rouen en 1883), puis électrique à partir de 1907 avec trois générateurs Belleville fabriqués par la compagnie Thompson‑Houston. La production augmente fortement après l’électrification, passant de 2 200 tonnes en 1906 à 3 300 tonnes en 1909, et un nouvel agrandissement intervient en 1936. L’usine atteint, à son apogée, une emprise d’environ 40 000 m² ; dans les années 1960 des cours sont couvertes pour former des hangars destinés au stockage, puis accueillent un conservatoire de machines dans les années 1980. Dès 1877, la manufacture prévoyait des services sociaux et collectifs — soins médicaux gratuits, caisse de retraite, cours d’instruction primaire, caisse de secours mutuels, réfectoire et crèche — et les ateliers bénéficiaient d’un entretien régulier, de vestiaires, d’un éclairage au gaz ainsi que de systèmes de chauffage et de ventilation (lanternons servant à l’extraction de l’air vicié). En 1920 l’effectif est de 804 ouvriers, dont 693 femmes cigarières. L’ensemble a été désaffecté en 1975 au profit d’une nouvelle usine construite en périphérie, dans la zone industrielle de Riom‑La Varenne ; la fermeture de cette dernière usine en 2017 a marqué la fin de la production de tabac en France. Le site de La Varenne a depuis été repris par l’industriel Bacacier. Les bâtiments historiques, longtemps délaissés et partiellement détruits pour l’aménagement d’une place, ont été acquis par Riom‑Communauté puis repris par le groupe Hermès, qui a engagé la réhabilitation de deux bâtiments en atelier de maroquinerie et centre de formation ; l’atelier a été inauguré en septembre 2024. Un fonds d’archives privées relatif à la manufacture existe.

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