Manufacture des Trois-Tours en Indre-et-Loire

Manufacture des Trois-Tours

  • 37100 Tours
Crédit photo : Jules78120 - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

2e moitié XIXe siècle, 1er quart XXe siècle

Patrimoine classé

Les bâtiments (cad. BZ 67) : inscription par arrêté du 2 décembre 1999

Origine et histoire

Créée en 1829, la Manufacture des Trois-Tours s’établit en 1841 dans l’ancien relais de poste « Au Lion d’Or », indiqué successivement aux n°33 puis n°25 du quai de Saint‑Symphorien ; l’emprise actuelle se situe au 35 quai Paul‑Bert et s’étend à l’arrière sur la rue Losserand. L’édifice d’origine, simple hôtel particulier, remonte en partie au XVIIIe siècle ; Fey et Martin, fondateurs de la manufacture, y installèrent le bureau de direction et des logements. Les ailes en retour à l’est et la plus basse à l’ouest, d’abord utilisées comme écuries puis transformées en ateliers, sont des adjonctions postérieures qui empiètent sur le décor de piles à bossages de la façade sur cour. Le grand atelier au fond de la cour date très probablement de 1853, année où patrons et ouvriers célébrèrent l’agrandissement des ateliers. Cet ensemble présente un long corps central flanqué de deux courtes ailes ; l’extrémité ouest, aux moulures plus larges et au raccord de toiture visible, paraît postérieure et renferme des ateliers séparés par un mur de refend. En 1890, l’architecte Guérin fit construire de l’autre côté de la rue Losserand un atelier à structure métallique qui sert aujourd’hui de remise. En 1903 fut édifié à l’ouest de la cour un dernier atelier appelé « le Ciment », couvert de sheds, qui acheva de fermer la cour centrale. L’essentiel du bâti date du milieu du XIXe siècle (entre 1841 et 1856) ; quelques halles accolées ont été élevées avant 1903, des sheds ajoutés ensuite et quelques modifications mineures ont eu lieu après la Première Guerre mondiale. La manufacture s’est développée avec l’adoption rapide du métier Jacquard, breveté en 1801 et permettant, grâce à des cartons perforés de grande largeur (1,30 m), le tissage d’étoffes de soie larges et la diversification des modèles ; l’établissement a produit aussi des tissus imprimés à la planche. La mécanisation Jacquard a entraîné une recomposition de la production, passant d’ateliers familiaux dispersés à une concentration en grandes manufactures pour améliorer la production, la surveillance et la capacité à regrouper différents types de métiers à tisser. La proximité de Tours avec Paris facilita les transports rapides d’abord par diligences, puis par chemin de fer. Aujourd’hui, la société conserve, édite ou réalise des reproductions d’étoffes tissées ou imprimées ; ses archives regroupent des milliers de références couvrant la période du XVIIe siècle à 1930. L’outil de production, encore essentiellement constitué de métiers à bras et de caractère quasi artisanal, a été préservé in situ, tout comme la plupart des bâtiments édifiés depuis 1841 par les propriétaires successifs. Ce maintien illustre la conception traditionnelle de l’architecture industrielle : réoccupation d’ensembles existants, puis construction d’un grand atelier centralisé et enfin adoption de structures et de matériaux modernes pour les extensions. La manufacture a contribué à la renaissance d’une tradition de la soie à Tours et ses produits ont été utilisés dans de nombreux palais. La raison sociale a évolué au fil du temps : Démonté et Poirier en 1875, Combé et Delaforge en 1898, Combé, Delaforge et Le Manach en 1906, puis Le Manach Georges SA depuis 1919. L’ensemble bénéficie d’une protection au titre des monuments historiques depuis 1999.

Liens externes