Origine et histoire de la Manufacture
La manufacture Normant, fondée au début du XIXe siècle par la famille Normant à Romorantin-Lanthenay, s'est spécialisée dans la production de draps de laine destinés notamment aux administrations et à l'armée. Rapidement modernisée et centralisée, elle connut un important développement au XIXe siècle et au début du XXe siècle, regroupant de vastes ateliers et employant des centaines d'ouvriers. Les Normant investirent dans plusieurs sites de production et adoptèrent des innovations techniques pour accroître leur capacité. L'entreprise fournit l'Empire en étoffes de laine pour l'habillement des troupes et maintint une activité soutenue pendant la Première Guerre mondiale, produisant notamment des draps bleus d'uniforme et accueillant des machines rapatriées de Reims. Au tournant du siècle, Benjamin Normant concentra la production sur le faubourg Saint-Roch et fit édifier en 1900 la porte d'entrée monumentale dite Porte des Béliers ou Porte Normant. En novembre 1902, l'entreprise Coutant et Cie réalisa la grande salle des métiers à tisser selon le procédé Hennebique ; elle couvre un hectare et abritait environ 250 métiers répartis sur deux étages. La maison Normant développa par ailleurs une politique paternaliste durable, entretenant une école, une société de secours mutuels et un parc de logements ouvriers. Après une période de prospérité, l'entreprise dut faire face à des crises dans l'entre-deux-guerres, à des réquisitions pendant la Seconde Guerre mondiale et à des difficultés d'adaptation au marché d'après-guerre. Malgré des tentatives de modernisation et une conversion vers les marchés civils en 1960, la société connut des années déficitaires et dut être liquidée ; l'usine ferma en 1969, la dernière sirène retentissant le 12 décembre. Les locaux furent ensuite occupés par Matra Automobiles jusqu'en 2003. Lors de la réhabilitation urbaine du site engagée par la municipalité, la plupart des bâtiments furent détruits, mais la porte d'entrée et la salle des métiers à tisser, toutes deux inscrites au titre des monuments historiques, furent préservées et subsistaient en 2011. Le site, aujourd'hui propriété de la ville, fait l'objet d'un projet de rénovation urbaine.