Origine et histoire du Marché
Le Carreau du Temple, situé dans le 3e arrondissement de Paris, est un ancien marché couvert du XIXe siècle transformé en lieu culturel et sportif reposant sur un modèle économique mixte public‑privé. Sauvé de la démolition par une mobilisation citoyenne, il a été rouvert lors de la Nuit blanche 2013 puis inauguré en 2014. Il accueille plus de cinquante associations, de nombreux événements culturels et sportifs et propose une programmation artistique éclectique, ponctuelle et régulière. Jean‑Luc Baillet a été nommé directeur général en 2012 ; en mai 2015, Lucie Marinier et Sandrina Martins ont été nommées co‑directrices générales.
Le site, proche de la mairie du 3e arrondissement, jouxte l'École Duperré et le square du Temple et est desservi par la station Temple de la ligne 3 du métro. L'emplacement correspond au centre de l'ancien enclos du Temple où un marché existait depuis le Moyen Âge ; des orfèvres y étaient nombreux dès le XVIe siècle et l'enclos, fréquenté, comptait environ 4 000 personnes à la fin du XVIIIe siècle, bénéficiant d'un droit d'asile et d'un privilège de franchise de métiers. Avant 1789 s'y tenait une foire très fréquentée, notamment pour les fourrures et la mercerie, ainsi qu'un marché alimentaire.
Entre 1788 et 1790, Pérard de Montreuil construisit à la demande de Jean‑Baptiste le Febvre de la Boulaye une rotonde à galerie couverte, dont les arcades abritèrent des magasins ; la rotonde fut vendue en 1797. En 1802, un décret transféra sur le site le commerce des vieux linges, hardes et chiffons, qui se développa ensuite sous la forme d'une halle au vieux linge agrandie par des hangars en bois réalisés entre 1809 et 1811 par Jacques Molinos. Cette halle comprenait quatre pavillons spécialisés — un pôle textile et articles de mode, un pôle linge de maison, un pôle ferraille et friperies et un pôle cuir — tandis qu'une place découverte, dite Carreau des brocanteurs, permit aux chineurs de se réunir selon une ordonnance de 1831.
Le marché atteignait une grande superficie et un important nombre de boutiques ; il fut reconstruit au milieu du XIXe siècle en pavillons métalliques et vitrifiés, projet mené notamment par Jules de Mérindol et Ernest Legrand, et ouvert en 1865. À partir de la fin du XIXe siècle la prospérité déclina, un marché alimentaire y fut établi en 1882 sur une partie de la friperie, et l'édifice a été remplacé au début du XXe siècle par l'édifice actuel. Au tournant du siècle, le Carreau accueillit la première Foire de Paris et connut des transformations qui laissèrent, aujourd'hui, deux des six pavillons formant une vaste halle entre la rue de Picardie et la rue Eugène‑Spuller.
Le marché connut un très grand succès entre les années 1950 et 1970 avec jusqu'à mille marchands, puis un déclin important : on comptait encore 360 marchands en 1976 et seulement une dizaine dans les années 2000. En 1976 un projet de démolition pour y créer un parking fut abandonné après une pétition de 5 000 signatures, et le bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques en 1982. Le lieu a continué d'accueillir des événements variés, dont en 2005 une exposition liée à l'Année du Brésil à laquelle assistèrent le président Lula et le musicien Gilberto Gil.
À partir de 2001, une volonté de restauration s'est concrétisée par des fouilles archéologiques en 2003 qui ont mis au jour l'abside de l'église Sainte‑Marie‑du‑Temple, puis par un concours d'idées en 2003‑2004 et un concours d'architecture en 2007 qui ont abouti à la sélection de l'agence Studio Milou Architecture. Le projet retenu prévoit notamment un auditorium de 250 places, 1 600 m2 dédiés aux sports et aux expositions, et la transformation des espaces pour accueillir activités culturelles, sportives et événementielles ; le coût a été réévalué de 30 à 44,5 millions d'euros au début de 2007. Après des fouilles et des travaux, le lieu a été rouvert au public et inauguré en 2014.
Le nouveau Carreau du Temple a suivi une ligne éditoriale pluridisciplinaire mêlant sports, arts vivants, concerts, salons, résidences et privatisations, avant de s'orienter davantage vers la danse contemporaine en prenant le corps comme fil conducteur. L'offre sportive de proximité propose cours, stages et espaces de pratique pour scolaires, jeunes et amateurs, incluant disciplines douces et émergentes comme le tai chi, le qi gong, le yoga, les arts martiaux et du cirque, aux côtés de pratiques plus traditionnelles telles que le tennis, le ping‑pong ou le roller ; des compétitions et démonstrations favorisent les rencontres entre pratiques amateures et activités de haut niveau. L'événementiel conserve un axe historique autour de la mode — haute couture, prêt‑à‑porter, jeunes créateurs et sportswear — et accueille défilés, salons, pop‑up stores, foires d'art, manifestations liées à l'environnement, aux nouvelles technologies et à la gastronomie du monde.
Le lieu se veut aussi laboratoire artistique en soutenant les jeunes créateurs et les artistes émergents dans les arts de la scène, la musique, la mode et le design, avec des résidences, des aides à la production et un programme "Jeunes Talents‑Jeunes Créateurs" offrant formations et accompagnement, ainsi que des actions d'éducation artistique à destination du 3e arrondissement, de Paris et du Grand Paris. Sur le plan économique, le Carreau est exploité par une société publique locale détenue par des collectivités, qui a signé en 2012 un contrat de délégation de service public avec la Ville de Paris précisant missions, contraintes d'usage et tarification ; la Ville verse une subvention compensatrice, les ressources propres devant couvrir deux tiers des produits d'exploitation pour compenser les contraintes de service public.
Le bâtiment comprend au rez‑de‑chaussée les Halles, un espace vitré de 2 300 m2 sous huit mètres de verrière, pouvant accueillir jusqu'à 3 000 personnes en concert debout, un auditorium de 250 places (dont dix places PMR), deux studios polyvalents de 335 m2 chacun au sous‑sol, un espace de 235 m2, une salle de réunion de 60 m2 et un bar‑restaurant à proximité de l'auditorium ; le sous‑sol est insonorisé et partiellement éclairé par la lumière zénithale des Halles. L'ensemble est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite.