Origine et histoire
Le port d'Audierne, situé entre Penmarc'h et le raz de Sein, est réputé pour sa dangerosité, en particulier à l'entrée où une barre a provoqué de nombreux naufrages lorsque des vents forts du sud et la décharge de la rivière du Goyen amplifient les vagues à marée descendante. Pour faciliter l'accès aux ports lorsque le mauvais temps empêchait les pilotes lamaneurs de monter à bord, Julien-Joseph-Hippolyte Fénoux, capitaine de corvette, inventa en 1832 un mât de signaux. Ce mât, d'une hauteur de douze mètres lors des premières expérimentations, fut testé pour la première fois à Port-Louis le 25 juin 1839. Il fonctionnait par signaux optiques grâce à une aile triangulaire, une boule noire et un drapeau rouge orientables, permettant d'indiquer la route à suivre, les directions vers le mouillage, les manœuvres pour attendre une hauteur d'eau suffisante, l'obligation de chercher le large ou les moyens de prendre un mouillage. Un règlement assura son fonctionnement et le Conseil général du Morbihan, après l'avoir adopté, le recommanda au gouvernement. Le Conseil général du Finistère décida ensuite la construction d'un mât à Audierne ; celui-ci fut achevé en juin 1841 près du couvent des Capucins et mis en service en décembre 1843. La commission d'étude mandatée par le ministre de la Marine donna un avis favorable, tandis que la Commission des Phares se montra réticente, craignant une concurrence à ses projets. Plusieurs mâts Fénoux furent installés par la suite, notamment à la Pointe de l'Ève à Saint-Nazaire en 1843, au Pouldu à Clohars-Carnoët en 1847, à la barre d'Étel à Plouhinec en 1867 et à la barre de Bayonne en 1868. Julien Fénoux fut nommé chevalier de Saint-Louis et chevalier de la Légion d'honneur ; il décéda le 13 juillet 1847 à Lorient et fut inhumé à Audierne.
Le mât Fénoux d'Audierne fut déplacé en 1882 sur le môle du Raoulic en raison de l'aménagement du môle et de l'urbanisation de la pointe ; son utilisation prit fin et le mât métallique fut supprimé dans les années 1960, tandis que la tourelle de base fut conservée et inscrite aux monuments historiques en 2022. Le 25 octobre 2023, grâce à une centaine de donateurs privés, à la Fondation du Patrimoine, à la mission Bern, à la DRAC, à la Région Bretagne, au Département et à la commune d'Audierne, le mât Fénoux retrouva son mât métallique : un mât de 14 mètres (10 mètres depuis le sommet de la tourelle) pourvu d'une flèche pivotante de 7 mètres, fabriqué et posé fin 2023 par l'entreprise Corlay. L'édifice rénové a été inauguré le 14 juin 2024.
Parmi les autres vestiges, le mât de Clohars-Carnoët est devenu une habitation privée, la maison du mât se trouvant au Pouldu, tandis que le mât de Plouhinec fut remplacé en 1961 par un sémaphore moderne équipé d'un mât de signaux au fonctionnement similaire ; géré par la Compagnie des Ports du Morbihan, ce sémaphore est le dernier sémaphore civil de France en activité. Josiane Péné, première femme sémaphoriste française, y a exercé pendant trente-six ans jusqu'à sa retraite en 2016 et son ancien logement de fonction a été réaménagé en deux gîtes ouverts en 2020.