Patrimoine classé

En totalité, le mausolée de Bourgogne, son mur de clôture avec sa grille et son fossé maçonné, situé dans le cimetière de Bourgogne-Fresne, sur la parcelle n°22, figurant au cadastre section AA : inscription par arrêté du 24 avril 2020

Origine et histoire

Le mausolée de Bourgogne, situé dans le cimetière de la commune de Bourgogne-Fresne dans la Marne, est un caveau familial de style inspiré de l'art byzantin. Il a été édifié à l'initiative de Marie-Théodorine Zoé Promsy, dite Mme Faynot, pour rendre hommage à son mari Jean‑Marie Léon Faynot, décédé en 1895. Confié à l'architecte Octave Courtois‑Suffit, le chantier, entrepris vers 1898, s'est poursuivi jusqu'en 1914, malgré des interruptions et la mort de Mme Faynot lors d'un voyage en 1906; le monument a été achevé par les héritiers. Construite en pierre de taille, d'un aspect extérieur volontairement sobre, l'architecture adopte un plan cruciforme avec abside, coupole et portique, mesurant environ 18 mètres de long et 10 mètres de large et de hauteur, orienté nord‑sud. La pierre employée est de grand appareil, identique à celle de la cathédrale de Reims et vraisemblablement extraite des carrières du Mont Aimé près de Vertus; le gros œuvre a été réalisé par des artisans belges tandis que la décoration intérieure a mobilisé des artisans italiens. L'entrée est précédée d'un porche à baldaquin orné d'une mosaïque dans le tympan et encadré de colonnes surmontées d'anges sculptés; un portique éclairé latéralement par trois fenêtres de chaque côté protège l'escalier qui descend au centre du monument. L'extérieur comporte une frise florale continue, deux panneaux ornant les façades Est et Ouest où figurent, dans des losanges, l'inscription "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" en latin et en hébreu, ainsi qu'une large arcade décorative autour du vitrail central qui présente neuf sculptures symbolisant les épisodes et instruments de la Passion. Les vitraux, composés principalement de motifs floraux avec une croix centrale, révèlent pleinement leurs coloris depuis l'intérieur sous la lumière du jour.
L'intérieur oppose la sobriété extérieure à un décor riche en marbres et mosaïques qui met en valeur le tombeau de Jean‑Marie Faynot. Le portique ouvre sur un escalier de onze marches descendant à un seuil situé environ trois mètres sous le sol; le niveau du corps central est délimité par la surface carrée de la croix grecque surmontée d'une coupole hémisphérique d'une hauteur d'environ dix mètres, soutenue par quatre ensembles de colonnes et des pendentifs. La statue du juge, en marbre blanc de Carrare, occupe le centre de la croix; elle représente le magistrat allongé sur son lit d'apparat, le buste redressé, portant la robe et la Légion d'honneur, tenant son bonnet à mortier, œuvre du sculpteur Gustave Michel dont la signature est incisée au burin sur le socle; cette statue a été exposée au Salon de Paris avant d'être placée dans le mausolée. Quatre trappes dans le sol permettent d'accéder à la crypte, profonde d'une dizaine de mètres, où reposent les membres de la famille.
Les revêtements intérieurs associent marbres rares et mosaïques multicolores ; les marbres proviennent notamment de Carrare, de gisements italiens et européens tels que la serpentine verte, le Rossoto Levanto, le porphyre rouge d'Italie, la griotte rouge de Sainte‑Marie‑Campan, l'onyx de Grèce, un marbre ocre dit "fleur de pêcher", le Grand Antique de l'Ariège, le Paonazo et le Rouge‑royal de la carrière de Rance en Belgique. Les mosaïques, composées de tesselles d'émail, de verre et de céramique, recouvrent les voûtes et une frise byzantine d'environ 50 cm de large, ornée d'un rinceau de vigne en mosaïque, fait le tour intérieur en marquant la transition entre voûtes et murs. Les colonnes intérieures, disposées par groupes de trois à chaque angle de la croix, ont des fûts en serpentine, des bases et tores en porphyre rouge et des chapiteaux de Carrare sculptés d'acanthe au goût corinthien.
La voûte de l'abside offre la mosaïque la plus imposante, représentant la Sainte Trinité et évoquant le Jugement dernier, tandis que la coupole illustre les quatre âges de la vie associés aux saisons, identifiés par des inscriptions latines (Pueritia, Juventus, Maturitas, Senectus). Le revers du portail porte deux paons entourant un monogramme chrétien et les signes de l'Alpha et de l'Oméga ; la voûte du portique représente la Croix Glorieuse avec la Vierge, saint Jean et des anges porteurs des instruments de la Passion. Les arcades intérieures sont ornées d'amphores décorées d'iris et de pavots et d'autres motifs floraux, géométriques ou célestes qui structurent la décoration et mettent en valeur scènes et ouvertures. L'éclairage intérieur provient des vantaux en verre incolore du portail, des six fenêtres du portique, des vitrages en demi‑cercle des branches Est et Ouest et des deux fenêtres de l'abside ; les vitraux, conçus par Georges Rochegrosse et réalisés par le maître‑verrier A. Schmit‑Besch, privilégient des motifs floraux dominés par la rose pour harmoniser la lumière avec les mosaïques et les marbres.
En raison de la dégradation due au temps, une association de sauvegarde créée en 2011 a entrepris le nettoyage, la remise en étanchéité, la dépose et la restauration des vitraux ainsi que la restauration des mosaïques, avec la participation du mosaïste Jérôme Clochard et de Nathalie Chaulaic; ces travaux ont été distingués par le prix "Le Geste d'Or" en octobre 2016. Reconnu pour la qualité de son architecture et de son décor illustrant l'art religieux de la fin du XIXe siècle, le mausolée a été inscrit et classé au titre des monuments historiques par arrêtés des 24 avril 2020 et 19 août 2025.

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