Origine et histoire du Mausolée de Glanum
Le mausolée dit Tombeau des Jules, situé au sud de Saint‑Rémy‑de‑Provence, est un monument gallo‑romain érigé entre -30 et -20 av. J.-C., hors du pomerium et à quelques centaines de mètres au nord des fouilles de Glanum. Son état de conservation exceptionnel permet d'admirer sa structure complexe et sa riche décoration. Classé au titre des monuments historiques par la liste de 1840, il forme avec l'Arc de Saint‑Rémy‑de‑Provence, situé à quelques mètres, ce que l'on appelle traditionnellement les « Antiques de Saint‑Rémy‑de‑Provence ». Le monument est généralement considéré comme un cénotaphe élevé à la mémoire d'un homme de la famille des Julii qui aurait obtenu la citoyenneté romaine et le nom de Julius en récompense d'un service militaire, peut‑être sous Jules César ; Henri Rolland propose en revanche qu'il soit dédié à Caïus et Lucius César, petits‑fils d'Auguste. L'inscription portée sur le monument, SEX M L IVLIEI CAI • F PARENTIBVS SVEIS, se lit « Sextus, Marcus et Lucius, fils de Caius Julius, pour leurs parents ». Le nomen Julius indique que les défunts sont des Gaulois dont un ancêtre a acquis la citoyenneté romaine et, selon l'usage, a pris le nom de famille du citoyen romain qui l’a affranchi. La silhouette en forme de tour se rencontre aussi sur des monuments funéraires d'Italie et d'Afrique, mais la composition en trois étages sur 16 mètres de haut est plus rare. La partie basse, massive et cubique, est décorée comme un sarcophage ; elle ne renferme pas de chambre funéraire, si bien que le monument doit être considéré comme un cénotaphe. Les quatre faces de la base présentent des bas‑reliefs mêlant scènes mythiques et historiques : au sud, une scène inspirée de la guerre contre les Amazones montre un guerrier amenant des trophées sur un adversaire tué ; au nord figure la chasse du sanglier de Calydon menée par Méléagre, avec Castor et Pollux représentés à cheval ; à l'ouest une scène renvoie à la guerre de Troie et au combat pour le corps de Patrocle ; à l'est une bataille d'inspiration moins clairement mythologique met en scène un cavalier en difficulté au milieu d'une mêlée et, à gauche, un groupe en toges dont un jeune garçon lit un document. Ce dernier groupe est souvent interprété comme la famille du défunt recevant l'attestation de citoyenneté, la bataille illustrant l'action d'éclat du combattant romain récompensée par l'octroi de la citoyenneté. La partie intermédiaire repose sur quatre piliers disposés en carré qui forment un tétrapyle d'arcades ; la frise sommitalede cette section représente des créatures marines entourant un disque solaire central sur les faces est, sud et ouest, la face nord étant dépourvue de disque solaire. Cette transition sculptée sépare symboliquement le monde terrestre, marqué par la violence des batailles, du domaine liminal bordé par l'océan et le soleil. Le sommet est couronné par une tholos, petit temple rond à colonnes, qui renvoie au monde céleste par sa forme circulaire ; elle abrite des statues togati du défunt et probablement de son fils, figures debout et revêtues de la toge, emblème de la citoyenneté romaine obtenue par l'exploit figuré sur les bas‑reliefs.
