Origine et histoire du Musée national sud-africain
Le mémorial national sud-africain du bois Delville, œuvre de l'architecte Herbert Baker, se dresse dans la commune de Longueval, dans la Somme, en vis-à-vis du cimetière militaire britannique du même nom. Il commémore l'engagement des troupes sud-africaines pendant la Première Guerre mondiale et fait partie d'un ensemble comprenant un parc paysager et un musée commémoratif. Conçu autour d'une arche monumentale surmontée d'un groupe en bronze d'Alfred Turner représentant Castor et Pollux tenant un cheval, le mémorial symbolise l'unité des anciens ennemis au service de l'Union sud-africaine ; un cénotaphe de Baker se trouve quelques mètres derrière le monument. Le site rappelle surtout le sacrifice de la 1re Brigade d'infanterie sud-africaine lors des combats dans le bois Delville, ordre de tenir « coûte que coûte », où la brigade perdit des centaines d'hommes et ne compta que 143 rescapés indemnes. Les combats dans le bois, appelés Delville Wood ou Devil Wood, furent marqués par des tirs d'artillerie intenses et des pertes considérables : 1 080 Sud-Africains furent tués ou portés disparus et 1 735 blessés au moment du relevé. Le cimetière militaire du bois Delville rassemble 5 523 corps — dont 5 242 Britanniques, 29 Canadiens, 81 Australiens, 19 Néo-Zélandais et 152 Sud-Africains — parmi lesquels environ 3 500 restent non identifiés. Bien que 1 080 Sud-Africains aient été tués ou disparus lors de la bataille, seuls 152 reposent dans ce cimetière ; certains furent inhumés ailleurs et l'on estime que plus de 500 d'entre eux restent ensevelis dans le bois. Le parc qui entoure le mémorial conserve une superficie proche de celle de 1916, a été replanté notamment de chênes provenant d'Afrique du Sud et comporte une large allée centrale bordée de chênes dont les glands proviennent d'un vieux chêne lié à des échanges historiques entre le Limousin et l'Afrique du Sud. Le "Dernier Arbre", un charme seul survivant des combats, a été préservé et des pousses en furent plantées en Afrique du Sud. Le musée commémoratif, réplique du Fort de Bonne-Espérance du Cap et bâti autour de la Croix de la Consécration, présente l'histoire de la participation de l'Afrique du Sud à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, à la guerre de Corée et à d'autres événements du XXe siècle, et expose peintures et sculptures d'artistes sud-africains. Inauguré en présence d'autorités sud-africaines, le musée rend aussi hommage aux volontaires noirs du South African Native Labour Contingent et évoque le naufrage du Mendi, qui fit de nombreuses victimes du SANLC. Le mémorial comporte en outre une pierre du Souvenir dédiée aux Sud-Africains tombés durant la Seconde Guerre mondiale, inaugurée en lien avec la mémoire d'un aviateur décoré de la Victoria Cross. Le site a été l'objet de controverses liées à la mémoire et aux discriminations, suscitant des manifestations en 1986 autour de la question de la commémoration des soldats noirs sud-africains ; il a ensuite été réinterprété et complété, notamment par la réinhumation d'un volontaire du SANLC en France et par l'inscription de noms de soldats de toutes origines sur un mur de la mémoire. Le mémorial, le parc (à l'exception du musée) et le cimetière sont protégés au titre des monuments historiques. Deux autres monuments rappelant la bataille et reprenant l'allégorie des Dioscures se trouvent à Pretoria et au Cap.