Origine et histoire de la Métairie monastique
L'ancienne métairie monastique de Bergeresse, dite le Grand-Bergeresse, dépendait de la Chartreuse du Liget et se situe sur la commune d'Azay-sur-Indre, à environ 2 km au nord-ouest du bourg, près de la D 943, sur le plateau de la Champeigne tourangelle. Jusqu'en 1274, Bergeresse était un fief relevant du Fau ; il fut vendu cette année-là aux Chartreux du Liget, qui agrandirent le domaine et en restèrent propriétaires jusqu'à la Révolution. Les premiers bâtiments attestés datent du XIVe siècle et ont été remaniés à plusieurs reprises jusqu'au XIXe siècle, les analyses dendrochronologiques corroborant la datation médiévale de la charpente. Saisi comme bien national pendant la Révolution, le domaine fut ensuite vendu ; à cette époque cinq métairies dépendaient de Bergeresse. Durant la Seconde Guerre mondiale, en zone libre près de la ligne de démarcation, la ferme a servi d'abri à des passeurs et à des personnes ayant franchi la ligne, et le grenier de la tour a été utilisé comme poste d'observation par des soldats français. Le portail d'entrée et le bâtiment principal font l'objet d'une inscription à l'inventaire des monuments historiques depuis le 14 septembre 1949. Il s'agit d'une demeure privée qui ne se visite pas.
L'accès à la cour se fait par une porte en arc brisé, accompagnée d'un guichet à linteau droit, percée dans le mur d'enceinte qui aboutit à l'ouest à l'ancienne chapelle. Celle-ci, de plan rectangulaire, ouvrait autrefois par une baie en arc brisé dans son mur oriental et conserve des fresques en mauvais état, datées du XVIe siècle et découvertes en 1949, représentant saint Christophe, l'archange Gabriel, saint Georges, la Vierge de l'Annonciation et un médaillon du Père Éternel. Le logis principal, initialement long de 24 × 9 m, est un bâtiment à trois niveaux séparés par des planchers ; le rez-de-chaussée du XIVe siècle est divisé en plusieurs salles tandis que les premier et second étages constituaient chacun une vaste pièce. Sur la façade nord fait saillie une tourelle polygonale contenant une vis en pierre, et quatre contreforts épaulent le mur nord du logis. Des traces montrent l'existence d'une tourelle primitive abritant des latrines et l'hypothèse d'une galerie extérieure en bois côté sud desservant les étages. Au début du XVIe siècle, des remaniements profonds ont entraîné la construction d'une tourelle d'escalier hexagonale au nord, la reprise des planchers et l'aménagement du troisième niveau en espace de stockage ; l'une des pièces du premier étage conserve une cheminée dont le manteau porte un blason à trois fleurs de lys. Au XVIIe siècle, le logis principal a été prolongé vers l'ouest par une construction accolée destinée à l'usage du fermier, puis le logis a été cloisonné et divisé en deux propriétés au début du XIXe siècle.
L'ensemble est entouré d'un mur d'enceinte trapézoïdal en moellons, percé côté nord d'une porte charretière en arc brisé et d'un accès piétonnier aujourd'hui masqué par une construction moderne. Deux granges s'appuient sur les côtés est et ouest de l'enceinte, et, dans l'angle intérieur sud‑est, une petite construction ouverte par une porte en arc brisé a probablement servi de cuisine ou de boulangerie. L'organisation générale, qui associe un logis pourvu d'aménagements de confort (latrines) à des espaces de stockage et à une chapelle proche, rappelle l'ordonnancement d'une dépendance monastique.