Origine et histoire de la Mine de plomb
La mine de plomb de Pont‑Péan, en Ille‑et‑Vilaine, a été exploitée du XVIIIe au XXe siècle et laisse aujourd'hui des vestiges visibles. Le principal élément protégé est le bâtiment des bureaux, élevé vers 1890 et inscrit au titre des monuments historiques le 15 novembre 1985. Il présente un corps rectangulaire à deux étages, le rez‑de‑chaussée en schiste pourpre et le reste en brique, rythmé par six travées de baies en plein cintre. Derrière ce bâtiment subsistent d'anciennes halles, des logements ouvriers et le château de la Clôture, construit en 1865 pour loger les directeurs ; on y trouve aussi des round‑buddles et plusieurs puits, dont ceux des Députés, de la République et du Midi. Le vestiaire des mineurs, doté d'un clocher en 1908 et transformé en chapelle par l'abbé Julien Gosselin, est devenu en 1948 l'église paroissiale Saint‑Melaine, et des logements ouvriers proches ont été convertis en logements sociaux ; un autre bâtiment porte encore l'enseigne « Hôtel de la Mine ». Les premières prospections mentionnées datent de 1628, mais l'exploitation organisée débute avec la concession accordée en 1730 à Noël Danycan de l'Epine. L'extraction commerciale commence en surface sous la direction de Thomas Harrington et s'étend progressivement vers le sud du gisement. De nombreux puits ouverts entre 1730 et 1740 marquent la phase initiale ; au total 26 puits furent creusés pour la reconnaissance ou l'exploitation du filon, parmi lesquels la Boulangère, les Députés, l'Orme, la République et, en 1862, le Midi. La mine exploitait quatre veines métallifères et conserve des traces des premiers chantiers, notamment la partie supérieure du puits des Députés. Au milieu du XVIIIe siècle, la société fondée par Danycan fut reprise en 1755 par Pâris‑Duverney, qui finança de grands travaux ; entre 1754 et 1755 Pierre‑Joseph Laurent détourna la Seiche et mit en œuvre des dispositifs hydrauliques remarqués pour leur technicité. Ces installations permirent d'accroître l'exhaure et d'atteindre, sous l'action de Laurent en 1794, des profondeurs de l'ordre de 120 mètres, alors que l'exploitation utilisait d'abord un chapelet de 80 seaux. Malgré un effectif d'environ 1 000 ouvriers en 1757, l'exploitation fut abandonnée en 1794 (ou 1796) en raison de difficultés financières, de l'obligation de livrer le plomb aux arsenaux à des prix fixés par le gouvernement et payés en assignats, du besoin de nouvelles machines d'assèchement et de doutes sur la continuité des masses de minerai ; l'émigration d'un associé et les troubles de la chouannerie contribuèrent aussi à cette défaillance. Les travaux reprennent en 1844, puis en profondeur à partir de 1852 sous l'impulsion de l'ingénieur anglais J. Hunt ; de nouveaux systèmes de pompage, notamment aux puits Bicêtre et au puits dit « allemand », et l'apport de capitaux anglais après la création en 1853 de la Société pour l'exploitation des mines de Pont‑Péan permirent d'augmenter la production. Plusieurs modèles de machines à vapeur se succédèrent et, en 1893, on en comptait dix‑huit sur le site. La société, devenue anonyme en 1880 sous l'impulsion d'E. Le Bastard et de l'ingénieur C. Hely, atteignit à la fin du XIXe siècle une production annuelle d'environ 200 000 tonnes de minerai. Le déclin se manifesta ensuite, lié aux forts besoins énergétiques, aux inondations des galeries, à une crise du plomb et à des difficultés financières ; une forte venue d'eau le 2 avril 1904, après des travaux ayant atteint près de 600 mètres de profondeur, noya les galeries et l'exploitation cessa définitivement en 1905, entraînant le licenciement d'environ un millier d'ouvriers. Après la fermeture, le site accueillit une usine de lavage des anciennes boues installée en 1907 par les frères Delambre, qui employa une centaine d'ouvriers et diversifia ensuite en produits d'engrais ; une tentative de relance en 1928 conduisit à la construction d'une cité ouvrière et à des travaux sur les puits, mais la faillite d'une société en 1932 mit fin au projet. Les résidus de l'ancienne exploitation furent traités par flottation de 1937 à 1941 puis de 1951 à 1955, jusqu'à épuisement des stocks. Au total, l'exploitation et le traitement des minerais ont produit plusieurs centaines de milliers de tonnes de concentrés : environ 270 000 tonnes de galène à 55 % de plomb, 78 000 tonnes de blende à 35‑40 % de zinc, 37 000 tonnes de pyrite et 15 000 tonnes de mixte pyriteux, soit près de 200 000 tonnes de métal dont neuf dixièmes en plomb ; les teneurs en argent variaient de moins de 200 grammes à plus de 3 kilogrammes par tonne de plomb et la blende a atteint jusqu'à 3,5 kilogrammes d'argent par tonne. Aujourd'hui, les bâtiments et les aménagements conservés témoignent de l'importance industrielle et sociale de ce site minier aux XVIIIe et XIXe siècles.