Origine et histoire du Monastère
L'ancienne abbaye Saint-Colomban, dite abbaye Saints-Pierre-et-Paul de Luxeuil-les-Bains, se trouve au sud-est des Vosges et a été fondée vers 590 par saint Colomban sur les ruines de la cité romaine Luxovium. Le choix du site, marqué par des thermes encore visibles, permit la renaissance d'un bourg délaissé depuis les invasions barbares. L'abbaye prit rapidement une importance majeure en Gaule, portée par la ferveur des moines irlandais et par une vie monastique organisée, notamment la laus perennis. Elle accueillit un scriptorium actif dès le milieu du VIIe siècle et fut probablement le lieu d'apparition d'une minuscule calligraphique dite « écriture de Luxeuil », influencée par l'ornementation irlandaise issue de la cursive romaine ; le Lectionnaire de Luxeuil en est l'un des manuscrits les plus célèbres. Après plusieurs attaques, notamment le pillage par les Sarrasins en 732 et des incursions normandes au IXe siècle, l'abbaye fut relevée et la règle de saint Benoît finit par y remplacer les usages monastiques celtiques. La communauté conserva néanmoins un rayonnement notable, formant des religieux qui fondèrent ou réformèrent d'autres monastères et en accueillant des figures comme saint Eustache, saint Gaubert ou Anségise de Fontenelle. À partir du XVe siècle, l'institution souffrit des effets des abbés commendataires, qui affaiblirent la discipline, même si des réformes ultérieures et l'adhésion à la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe en 1634 contribuèrent à restaurer la vie conventuelle. L'abbaye fut supprimée à la Révolution ; ses biens furent vendus comme biens nationaux et la plupart des bâtiments ont été absorbés par la ville actuelle, à l'exception de certains éléments conservés. Sur le site subsistent notamment l'église Saint-Pierre datée du deuxième quart du XIVe siècle, des bâtiments conventuels des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, un ancien palais abbatial du XVIIIe siècle, une chapelle gothique du XIVe siècle, le cloître et des dépendances qui ont été entretenus et utilisés comme séminaire diocésain jusqu'aux lois de séparation et de liberté d'association. La chapelle a longtemps servi d'église diocésaine et l'abbaye a accueilli un petit séminaire jusqu'en 1985 ; elle abrite aujourd'hui un centre pastoral et culturel ainsi qu'un collège. Le site est protégé au titre des monuments historiques : plusieurs éléments ont été classés (notamment l'église Saint-Pierre et le cloître) et d'autres inscrits, selon les protections mentionnées. La liste des abbés, documentée de saint Colomban à Jean IV Louis-Aynard de Clermont-Tonnerre, atteste de la longue continuité institutionnelle et du rôle majeur de Luxeuil dans l'histoire monastique. Des moines célèbres issus de la communauté, tels que saint Romaric, saint Bertin ou saint Frobert, illustrent son influence sur la fondation et la réforme d'autres établissements religieux.