Monastère de Mouzon dans les Ardennes

Patrimoine classé Patrimoine religieux Monastère

Monastère de Mouzon

  • 3 Rue du Collège
  • 08210 Mouzon
Monastère de Mouzon
Monastère de Mouzon
Crédit photo : Adri08 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

3e quart XVIIe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures des deux corps de bâtiment, ainsi que la cour : classement par arrêté du 29 novembre 1943

Origine et histoire du Monastère

L'ancien monastère de Mouzon, situé dans la partie la plus ancienne de la commune entre les bras de la Meuse, dans les Ardennes, conserve principalement deux corps de bâtiment disposés en équerre et datés des années 1660. Ces ailes, résultat d'une reconstruction menée par les bénédictins dépendant de l'abbaye de Saint-Wandrille, sont accolées à l'abbatiale. Le cloître primitif ne subsiste que par ces deux travées et par un jardin aménagé en partie à la française, une allée centrale gravillonnée reliant l'ancien cloître aux anciennes douves. L'architecture, de style classique, se signale par de grandes arcades entourées de pierres appareillées ; ces arcades sont aujourd'hui isolées par des vitres. Un bassin à jets d'eau occupe l'emplacement d'un bâtiment disparu qui fermait autrefois le cloître. Une parcelle, masquée par une haie de conifères, est consacrée à la culture de plantes tinctoriales pour le musée du feutre de laine, notamment l'œillet d'Inde et la garance des teinturiers. Du domaine agricole de l'abbaye subsistent un pigeonnier devenu bureau du tourisme, ainsi qu'une écurie et une grange transformées en musée du feutre. L'ancien cloître accueille aujourd'hui une maison de retraite et n'est pas ouvert au public. En 1687, le couvent est vendu et les locaux sont transformés en hôtel-Dieu.

Une tradition attribue la donation de Mouzon à saint Rémi par Clovis ; cette assertion est contestée par des historiens qui, s'appuyant sur le testament transmis par Flodoard, ne voient pas Mouzon cité et privilégient l'hypothèse d'une dotation par Clodoald. La date de fondation d'un premier monastère de religieuses reste incertaine mais paraît antérieure au IXe siècle ; cette implantation primitive est ruinée par les raids vikings et les incursions magyares à la fin du IXe siècle. Le monastère est refondé en 971 par l'archevêque de Reims Adalbéron : la même année, les reliques de saint Arnoul sont apportées pour s'ajouter à celles de saint Victor, et la communauté de moines bénédictins s'y installe. L'archevêque obtient ensuite la confirmation pontificale de la fondation et dote l'abbaye de biens prélevés sur la mense épiscopale et sur des possessions familiales en Lorraine, formant un domaine qui s'accroît par d'autres donations et par le soutien des empereurs du Saint-Empire. Au début du XVIe siècle, le cardinal Georges d'Amboise, après un séjour à l'abbaye, accorde à l'abbé la dignité de porter la mitre, reconnaissance de l'importance pastorale de Mouzon. Quarante ans plus tard, l'abbaye passe sous le régime de la commende, régime qui confie à des abbés laïcs la jouissance des revenus et la direction des affaires temporelles, ce qui entraîne un relâchement spirituel de la communauté. En 1606, Henri IV et Marie de Médicis assistent à la messe dans l'abbatiale Notre-Dame ; pour relancer la vie monastique, l'abbaye adhère en 1634 à la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe. Souffrant des ravages de la guerre de Trente Ans, le cloître est reconstruit vers 1660, donnant les bâtiments actuels. Aux XVIIIe siècle, Mouzon devient un foyer janséniste dans le nord-est du royaume, intégré dans un réseau d'échanges entre Utrecht, Liège, Orval, Carignan et la ville.

À la Révolution, la communauté compte douze moines et un convers ; confrontés à la constitution civile du clergé, les religieux choisissent la sécularisation, les biens mobiliers sont vendus et les biens immobiliers dispersés comme biens nationaux. La municipalité installe alors un hospice dans les bâtiments du cloître et obtient que l'abbatiale devienne l'église paroissiale. Le cloître est classé au titre des monuments historiques en 1943. La succession des abbés réguliers et des abbés commendataires est bien documentée pour plusieurs siècles : les listes commencent par Lieutald en 971 et s'étendent jusqu'à Claude I de Villiers en 1528 pour les réguliers, puis aux commendataires (1545-1782), parmi lesquels figurent les cardinaux Robert et Philippe de Lenoncourt, Melchior de Polignac et Ferdinand-Maximilien-Mériadec de Rohan-Guéménée.

Liens externes