Origine et histoire du Monastère des Récollets
L'ancien monastère des Récollets de Sarlat-la-Canéda, situé en Dordogne (France), occupe un quadrilatère compris entre la rue Jean-Jacques-Rousseau et l'enceinte de la ville, et entre la rue de la Charité et la Côte de Toulouse. L'église, à nef unique, présente un chœur de même longueur terminé par un chevet plat ; elle comporte deux chapelles rectangulaires ouvertes dans le mur sud de la nef, décrites par ailleurs comme situées à l'ouest et dédiées à saint Bonaventure et à Notre‑Dame. Le portail d'entrée, à colonnes et fronton interrompu, relève du style baroque, rare dans le Périgord et comparable à celui de l'hôtel de ville de Sarlat sur la rue Fénelon. L'intérieur était orné d'un important retable en bois sculpté, achevé en 1647 et disparu au XIXe siècle ; une pierre gravée sur le mur nord rappelle la date de construction et les circonstances, et y ont été enterrés les parents de Fénelon. La voûte lambrissée en planches de châtaignier a été posée lors de l'aménagement intérieur achevé en 1651. Le cloître, quant à lui, s'ouvre par des arcades de style Louis XIII.
Après la prise de possession du diocèse par Louis II de Salignac de La Mothe‑Fénelon en 1604, et sous l'impulsion de son vicaire général Jean Tarde, des mesures ont été prises pour restaurer la vie religieuse après les guerres de Religion et l'édit de Nantes. Pour rapprocher les laïcs de l'Église, l'évêque favorisa l'installation des confréries des Pénitents blancs en 1607 et des Pénitents bleus en 1608, puis soutint l'arrivée des Récollets à Sarlat en 1613 malgré l'opposition des Franciscains, dont un couvent existait dans le faubourg de Lendrevie depuis 1258-1260 (convent aujourd'hui détruit). Les habitants de Sarlat contribuèrent à la fondation du couvent en achetant la maison de Tustal et d'autres maisons voisines ; la construction de l'église commença en 1618 et son gros œuvre fut achevé en 1626.
Pendant la Fronde, après la prise de Sarlat par l'armée du Grand Condé en 1653, les Récollets donnèrent le signal de la révolte des habitants contre les soldats logés dans la ville. En 1792, les derniers Récollets furent expulsés ; l'église servit de club avant d'être vendue comme bien national en 1796. Revendue en 1804, elle fut occupée par les Pénitents blancs, qui réaménagèrent la chapelle et ajoutèrent une tribune au nord ; en 1808, un chanoine de Notre‑Dame de Paris leur remit un fragment de la Couronne d'épines. En 1816, le général‑comte Fournier‑Sarlovèze acquit les deux chapelles occidentales et y fit célébrer des cérémonies en l'honneur de la famille royale. Les deux confréries s'unirent en 1876 ; les Pénitents bleus y transférèrent du mobilier liturgique daté de 1705 et firent poser un vitrail daté de 1890 commémorant cette union. Désaffectée depuis 1914, la chapelle fut successivement utilisée comme gymnase et entrepôt avant d'être transformée en 1970 en musée d'art sacré à l'initiative de la Société des amis de Sarlat. La chapelle des Récollets, devenue église des Pénitents, ainsi que son cloître ont été inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1937 ; la chapelle des Pénitents a été classée au titre des monuments historiques en 1944.