Origine et histoire du Monastère des Visitandines
L'ordre de la Visitation s'installe à Caen en 1631, sur un terrain situé au nord de la rue Caponière. En 1792, les religieuses sont expulsées et leur couvent est transformé en caserne, l'actuel Quartier Lorge. Rétabli en France en 1805 par Napoléon Ier, à la demande de sa mère Laetitia Bonaparte, l'ordre revient à Caen en 1810 et acquiert l'ancien logis abbatial de l'abbaye aux Hommes, édifié entre 1755 et 1759 dans le clos de la Pépinière. Les sœurs reçoivent une autorisation définitive par ordonnance royale le 22 février 1826 et étendent progressivement leur domaine en rachetant la parcelle de Mariette et les terrains de la cour des Granges, tout en ajoutant de nouveaux bâtiments et des jardins au sud du monastère. Elles font élever une première chapelle provisoire le 24 juin 1812, puis entreprennent la construction d'une seconde chapelle le 13 avril 1833, bénite le 19 février 1838. En 1889, un legs de Louise de Vendes permet d'envisager la construction d'une troisième chapelle ; l'abbé Esnault, aumônier du monastère, participe à la conception, tandis que l'architecte en charge est le Caennais Edmond Hébert. Les archives conservent par ailleurs deux projets signés Rapine, architecte des Monuments historiques, déjà associé au monastère des Visitandines d'Orléans. Les plans et devis sont soumis à l'autorité épiscopale le 28 mai 1890, les travaux de fondation débutent le 21 juin 1890 et la première pierre est bénite par l'évêque de Bayeux le 19 mai 1891. La chapelle est achevée et bénite le 25 septembre 1892 puis consacrée le 17 octobre 1893. Le sol présente des motifs géométriques en marbre, le chemin de croix provient de l'atelier Jacquier et les verrières, datées de 1900 à 1924, ont été réalisées par l'atelier Lorin de Chartres. Léonie Martin, sœur de sainte Thérèse de Lisieux, entre à la Visitation de Caen à plusieurs reprises (1887, 1893–1895 puis définitivement en 1899) sous les noms religieux successifs de sœur Thérèse-Dosithée puis sœur Françoise-Thérèse ; elle meurt en 1941 et est inhumée dans la crypte de la chapelle. La communauté fait l'objet d'un exil à Saint-Leonard-on-Sea (borough d'Hastings, Royaume-Uni) de 1909 à 1920, reçoit les Visitandines d'Orléans en 1980 après la fermeture de leur monastère de Chécy, et soutient en 1991 l'initiative qui conduit à la création du musée de la Visitation de Moulins, portée par l'archiviste de Caen, Mère Françoise Bernadette Lara. Depuis octobre 1967, un foyer de trente-cinq chambres, situé dans le clos de la Visitation et tenu par une religieuse, accueille des étudiantes de moins de 25 ans, tout en demeurant distinct du monastère lui‑même. À titre de protection, la chapelle, à l'exception du chœur des religieuses, est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 19 novembre 2002.