Période
XIe siècle, XIIe siècle, XVIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Le cloître et le clocher (cad. E 1926, 1927, 1928) : classement par arrêté du 28 mai 1883 ; L'ensemble des constructions formé par l'ancien monastère Saint-Paul de Mausole et la maison de santé Saint-Paul, en totalité, à l'exception des parties classées, y compris son portail, ses murs de clôture, ses parcs et son potager tel que délimité selon le plan annexé à l'arrêté, et situé sur les parcelles 338, 339, 340, figurant au cadastre section AS : inscription par arrêté du 5 septembre 2024
Origine et histoire du Monastère Saint-Paul-de-Mausole
L'ensemble formé par l'ancien monastère Saint‑Paul‑de‑Mausole et la maison de santé Saint‑Paul se situe à Saint‑Rémy‑de‑Provence, dans les Bouches‑du‑Rhône, en région Provence‑Alpes‑Côte d'Azur. Le monastère, de style roman provençal, remonte au XIe siècle. Il doit son nom à la proximité du mausolée de Glanum, qui, avec l'arc de triomphe, constitue les « Antiques de Saint‑Rémy‑de‑Provence » au pied du massif des Alpilles ; le site se trouve à 30 km au sud d'Avignon et à 30 km au nord‑est d'Arles. Selon la tradition, Paulus de Mausole fut choisi comme évêque après un miracle lié à un bâton qui aurait fleuri ; un oratoire fut élevé à l'endroit de cet événement. Un prieuré dédié à saint Paulus fut fondé en 982, dépendant de l'abbaye Saint‑André de Villeneuve‑lès‑Avignon, puis, en 1080, un monastère de chanoines réguliers suivant la règle de saint Augustin. En 1316, le pape d'Avignon Jean XXII adjoignit le monastère aux propriétés de la cathédrale Notre‑Dame‑des‑Doms d'Avignon. Des franciscains y ouvrirent en 1605 un asile d'aliénés, qui fut transformé en hôpital psychiatrique à la Révolution et resta connu comme la Maison de Santé de Saint‑Paul‑de‑Mausole. Le bâtiment a été modifié aux XVIIe et XIXe siècles. Le cloître et le clocher sont classés monuments historiques depuis le 28 mai 1883 ; le jardin médiéval du cloître a fait l'objet d'un pré‑inventaire des jardins remarquables en 1994, et l'ensemble, à l'exception des parties classées, a été inscrit par arrêté le 5 septembre 2024. L'église romane, dont la façade a été refaite au XVIIIe siècle, est couverte de tuiles provençales ; son clocher‑tour lombard, coiffé d'un toit pyramidal en lauze calcaire, présente des baies géminées séparées par des colonnettes, des chapiteaux sculptés, des lésènes et une frise polychrome à l'origine, ainsi qu'un cadran solaire à chiffres romains. Le chevet est formé de trois absides pentagonales percées de fenêtres et recouvertes de dalles calcaires. Le cloître intérieur, achevé entre les XIe et XIIe siècles et adossé à l'église, s'ordonne autour d'un jardin médiéval ; les galeries nord et est datent d'environ 1140‑1150, les autres de la fin du XIIe siècle. Les arcades sont regroupées par trois sous de grands arcs de décharge appuyés sur de puissants piliers ; elles s'appuient sur un mur‑bahut et sont séparées par des colonnettes jumelées ornées de chapiteaux sculptés aux thèmes symboliques. Un tombeau du XIVe siècle présent dans le cloître a été classé avec l'ensemble en 1883. À l'étage, les chambres de l'ancien asile ouvrent sur le cloître et le jardin ; certaines ont été reconstituées, notamment celles où vécut Vincent van Gogh. Un musée, installé au premier étage au‑dessus d'une galerie du cloître, restitue la période pendant laquelle van Gogh séjourna à l'établissement du 3 mai 1889 au 16 mai 1890 : sa chambre et son atelier y sont reconstitués et de nombreuses reproductions de ses œuvres y sont présentées. Hospitalisé à sa demande pour des hallucinations auditives et visuelles, des accès d'épilepsie et des troubles mentaux, il peignit durant ses 53 semaines d'hospitalisation environ 143 huiles et plus de 100 dessins ; son frère Théo loua trois pièces pour lui, dont un atelier. Parmi les œuvres réalisées à Saint‑Rémy figurent des autoportraits, des vues de l'hôpital et du parc ainsi que des paysages des environs, tels que La Nuit étoilée (juin 1889), Iris (mai 1889) et Les Cyprès (1889). Le lieu a servi de décor à des films contemporains, notamment Camille Claudel 1915 (2013) et At Eternity's Gate (2018). Pour approfondir, on pourra consulter la bibliographie spécialisée, notamment les travaux de Gérard Giordanengo et Jean‑Maurice Rouquette.