Origine et histoire
La forteresse du Mont-Valérien occupe le sommet du mont Valérien, colline culminant à 161 mètres à l'ouest de Paris, et s'étend principalement sur Suresnes, ainsi que sur Nanterre et Rueil-Malmaison ; elle est un fort pentagonal construit entre 1840 et 1846 et fait partie des seize forts édifiés autour de Paris. Le site a une longue histoire religieuse : des ermites s'y installent dès la fin du Moyen Âge, une première chapelle des prêtres du Calvaire est élevée en 1634, et le pèlerinage se développe aux XVIIIe et début XIXe siècles avec la construction de cellules érémitiques, de stations du calvaire, d'une nouvelle église et de l'escalier des cent marches vers 1780. À la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle une princesse de Galea fait bâtir un petit château ; son héritier, Charles de Forbin-Janson, lui donne entre 1834 et 1841 un décor néo-gothique et des tourelles, tandis que sa mère fait édifier en 1828 une chapelle funéraire. Sous la Révolution les religieux quittent le mont ; en 1793 l'ingénieur Chappe installe une tour pour son télégraphe optique et, en 1812, Napoléon fait édifier un bâtiment destiné à un orphelinat de la Légion d'honneur qui, faute de projet abouti, devient caserne. Après la chute de l'Empire le bâtiment abrite les missionnaires de France dirigés par Charles de Forbin-Janson, qui entreprend la construction d'une église et crée un cimetière ouvert de 1823 à 1830 aux religieux et à des laïcs fortunés ; sur les pentes du mont apparaissent plusieurs moulins à vent au cours de la première moitié du XIXe siècle. Dans le cadre du programme de fortifications décidé dans les années 1840 la construction du fort, conduite d'abord par le colonel Vaneechout puis par le capitaine Humbert, entraîne la démolition des moulins, du calvaire et de l'église des missionnaires ainsi que le comblement de carrières et de fontaines. La forteresse, de forme pentagonale, comprend des fronts de 350 à 400 mètres, des pas de cavaliers reliant les bastions, un double mur de soutènement, des douves et un mur défensif. Au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 le fort se signale par la puissance de son artillerie — notamment la pièce surnommée « La Valérie » —, est occupé par les Allemands à la fin du conflit puis repris par les troupes versaillaises, qui l'utilisent pour bombarder les insurgés de la Commune. La forteresse abrite également une cartoucherie où des ouvrières travaillent au recyclage des munitions ; après deux incidents en 1870 et 1873, une explosion majeure le 18 décembre 1882 fait 25 blessés graves, dont 17 personnes qui décéderont, et une stèle rappelle ces victimes dans le cimetière ancien de Puteaux. À partir de 1884 le site accueille le dépôt central du matériel et l'École de la télégraphie militaire, structures qui évoluent ensuite en unités de transmissions et donnent naissance au 8e régiment de transmissions après diverses réorganisations. La forteresse a servi aussi de prison : en janvier 1898 le colonel Marie-Georges Picquart y est incarcéré dans le cadre de l'affaire Dreyfus, et le colonel Hubert Henry s'y suicide en août de la même année. Pendant la Première Guerre mondiale le Mont-Valérien est utilisé pour la défense aérienne de Paris, avec l'installation d'un projecteur pour repérer les avions la nuit. Lors de la Seconde Guerre mondiale la forteresse est le lieu où plus d'un millier d'otages, résistants et parachutés ont été fusillés par les autorités d'occupation ; ils étaient enfermés dans la chapelle désaffectée du château de Forbin-Janson avant d'être conduits dans une clairière en contrebas, et nombre de corps ont ensuite été dispersés dans les cimetières de la région parisienne. Le ministère des Armées indiquait, au 30 décembre 2008, 1 014 fusillés identifiés ; la grande majorité étaient des hommes d'au moins 16 ans, conformément aux règles militaires mentionnées par la Wehrmacht. Pour honorer la mémoire des combattants de la Seconde Guerre mondiale, le mémorial de la France combattante, œuvre de l'architecte Bruneau, a été inauguré le 18 juin 1960 par le général de Gaulle ; il se trouve à l'extérieur de la forteresse, adossé au mur d'enceinte au sud, et le site a été équipé d'un circuit mémoriel retraçant les derniers pas des condamnés, avec les graffitis laissés dans la chapelle et cinq poteaux d'exécution conservés. En 1962 fut inauguré le « parcours des fusillés » ; à la suite d'un concours en 2001, le projet du sculpteur Pascal Convert — une cloche en bronze portant, par ordre chronologique, les noms des personnes identifiées — a été réalisé, coulée en 2002 et inaugurée en 2003 pour rendre hommage aux 1 008 résistants et otages identifiés entre 1941 et 1944, avec une inscription rappelant « tous ceux qui n'ont pas été identifiés ». Le mémorial et la forteresse sont régulièrement le cadre de cérémonies nationales, dont la commémoration de l'appel du 18 juin, et ont accueilli des hommages officiels, notamment en 2008 et en 2024. Aujourd'hui le Mont-Valérien abrite des services militaires comme la Direction interarmées des réseaux d'infrastructures et des systèmes d'information d'Île-de-France/8e régiment de transmissions, le colombier militaire national et son musée, ainsi qu'un musée des transmissions installé dans le bâtiment dit « de 1812 » ; le site conserve aussi les ruines de l'ancien cimetière et des collections artistiques, parmi lesquelles figurent des sculptures déposées par le Centre national des arts plastiques.