Origine et histoire
Le monument aux morts de Vichy se dresse au centre du square du Général‑Leclerc, dans le quartier thermal, à proximité des grands hôtels. Il repose sur un bloc de granit en forme de podium qui porte deux sculptures en bronze : un bas‑relief pyramidal adossé à la face verticale et une statue en ronde‑bosse qui coiffe le gradin central. Le bas‑relief représente un assaut regroupant un large éventail d’unités et de combattants, unis sous la protection d’une Victoire aux ailes déployées. Cette allégorie, partiellement nue, jaillit des plis de sa chlamyde, porte un bonnet phrygien, brandit un glaive et, par sa pose véhémente, évoque la Victoire du Départ des Volontaires de Rude sur l’Arc de Triomphe. De fines lanières de cuir forment autour d’elle un baudrier et une ceinture qui retiennent un fourreau flottant. La lecture de la scène se fait de droite à gauche : un clairon et un transmetteur accompagné d’une cage d’où s’envolent des pigeons voyageurs précèdent un char lourd Saint‑Chamond perché sur un monticule. Au premier plan, un blessé gît près d’une caisse éventrée de grenades tandis qu’un groupe d’hommes progresse : deux servants de mitrailleuse avec leurs caisses de munitions, un soldat des troupes coloniales nu‑tête portant bottes, sabre, tunique et capote, un aumônier accompagné d’un chien et un tireur accroupi derrière une tranchée protégée par des sacs de terre. Au-dessus d’eux, un lancier à cheval charge en soutien d’un dernier groupe avançant vers la ligne de feu, fusil Lebel à la main. Les coiffures variées — casques Adrian, képis, casoar de Saint‑Cyr, béret de chasseur alpin, casquettes — identifient les différentes armes, et de nombreux détails d’équipement sont restitués avec précision : pelles, brodequins, bandes molletières, capotes Poiret, baïonnettes Rosalie, bidons M1877 à deux becs et paquetages dits barda. Le sculpteur paraît vouloir rassembler, dans une composition réaliste et pleine d’élan, l’ensemble des composantes humaines et matérielles de l’armée au service de la patrie. La statue sommitale montre un jeune guerrier vêtu d’un exomide antique, tenant un glaive de la main droite et s’appuyant de l’autre sur un bouclier frappé aux armes de la ville ; elle symbolise le défenseur de la patrie. Cette figure allégorique a suscité le mécontentement d’anciens combattants qui eussent préféré la présence d’un poilu. Le monument est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 13 mars 2019.
