Origine et histoire
Le monument aux morts de Gentioux-Pigerolles, situé sur la place principale du bourg, est un édifice d’inspiration pacifiste réalisé dans les années 1920 d’après un modèle en bois dessiné par le conseiller municipal Jean‑Marie Duburgt. Conçu et financé par la commune, il a été exécuté par des artisans locaux : le sculpteur Jules Pollachi, le fondeur Ed. Guichard et l’entrepreneur Émile Eglizeaud. Le projet, adopté par le conseil municipal sous l’autorité du maire Jules Coutaud, militant jaurésien de la SFIO et ancien combattant, a suscité l’opprobre des autorités et n’a pas reçu de représentation préfectorale lors de sa mise en place, si bien qu’il ne fut officiellement reconnu que lors d’une inauguration en novembre 1985. Le monument, l’un des rares en France à porter un message pacifiste, porte en évidence l’inscription « Maudite soit la guerre », incarnée par la statue d’un enfant orphelin en sarrau et sabots, casquette dans la main gauche et poing droit levé, qui désigne les noms gravés. L’ouvrage, en granite, fonte et marbre, se présente comme une colonne élevée sur un socle à trois marches, décorée de palmes et mesurant 3,80 mètres de hauteur pour 2,78 mètres de largeur. La face principale porte une stèle où figurent en lettres d’or 58 noms de victimes de la Première Guerre mondiale, auxquels cinq autres noms issus d’autres conflits ont été ajoutés, pour un total de 63 noms. Sur le socle et la statue figurent des plaques signalant la commune et les auteurs : « Commune de Gentioux/guerre 1914‑1918 », « Emile Eglizeaud, tailleur de pierres » et « J. Pollachi, sculpteur / Ed Guichard fondeur ». Inscrit au titre des monuments historiques le 9 février 1990, le monument conserve sa plaque « Maudite soit la guerre » qui est considérée comme inamovible. Les communes de Gentioux et de Pigerolles, réunies depuis 1972, conservent chacune leur mairie et leur monument aux morts ; celui de Gentioux est devenu l’un des plus connus des monuments pacifistes français. Chaque 11 novembre, des rassemblements de militants et d’associations ont lieu devant la stèle, accompagnés du chant de la chanson de Craonne et de dépôts de gerbes ; ces commémorations se prolongent parfois jusqu’à la tombe de Félix Baudy, soldat fusillé pour l’exemple en 1915 et réhabilité en 1934, dont la sépulture à Royère‑de‑Vassivière porte une plaque rénovée en 2005. Le monument est depuis longtemps un symbole du pacifisme et du rejet du militarisme, lieu de manifestations et de rendez‑vous associatifs, parfois aussi la cible de dégradations : il a été tagué dans la nuit du 8 au 9 juillet 2023 avec des prénoms de jeunes morts lors d’interventions policières, tags effacés le matin du 9 juillet, puis de nouveau tagué dans la nuit du 10 au 11 novembre 2023 avec un drapeau palestinien et des inscriptions.