Origine et histoire
Le monument aux morts de Montbrison, dédié également à l'aviateur et sénateur Émile Reymond, a fait l'objet d'une étude du service de l'Inventaire. Initialement commandé en mémoire d'Émile Reymond, fils du député puis sénateur Francisque Reymond et pionnier de l'aviation, il témoigne de la transition d'un hommage à un héros individuel vers un monument collectif propre au XXe siècle. Chirurgien, sénateur et promoteur de la création d'un corps d'aviateurs, Reymond s'engage comme pilote et est tué en octobre 1914 ; son corps est rapatrié dans le caveau familial à Montbrison. Dès 1915, un comité national, avec l'accord de sa veuve, confie la réalisation du monument au sculpteur Albert Bartholomé, qui propose d'abord un projet sobre présentant le buste du sénateur encadré de deux bas-reliefs représentant la chirurgie et l'aviation, et comportant une citation de Reymond. La municipalité délibère en 1915 pour que le monument devienne celui de tous les Montbrisonnais morts au front ; Bartholomé n'est informé de ce changement qu'ultérieurement et, en 1917, accepte d'intégrer quatre soldats sculptés au pied du socle portant le buste. Le monument est achevé en 1920. À l'origine installé près du portail de la caserne de Vaux, il est déplacé en 1980 par l'entreprise Comte dans le jardin d'Allard, transfert présenté comme une valorisation du monument. Bartholomé est également l'auteur d'autres œuvres notables, parmi lesquelles le monument aux morts du Père-Lachaise et des pièces conservées dans des musées.
Le monument se présente comme un mur en calcaire de 6,65 m de haut sur 7,70 m de large, évoquant un arc commémoratif fermé par une porte ; le linteau porte en relief l'inscription MORTS POUR LA PATRIE et les montants indiquent les dates 1914 / 1918. À l'avant, quatre poilus entourent le buste d'Émile Reymond posé sur un piédestal qui porte l'inscription Dr EMILE REYMOND / SENATEUR DE LA LOIRE / APOTRE DE L'AVIATION / MORT / AU CHAMP D'HONNEUR / 1864-1914. De part et d'autre du buste, deux allégories féminines en bas-relief, la médecine et l'aviation, rendent hommage à ses engagements professionnels, et la plinthe porte la citation attribuée à Reymond : IL FAUT QU'IL Y AIT DES MORTS POUR QUE PAR CENTAINES / SE PRÉSENTENT CEUX QUI ASPIRENT À LES REMPLACER / E. REYMOND 10 juillet 1912. Dans la partie basse des montants, des plaques gravées mentionnent MORTS POUR LA FRANCE DEPUIS 1939 et CAMPAGNE AFN, avec les listes des victimes : pour la Grande Guerre 187 noms, pour la Seconde Guerre mondiale 30 noms et pour la campagne d'Afrique du Nord 4 noms.
Le monument, financé par une souscription nationale avant même la fin de la guerre, est inauguré en 1920, une cérémonie à laquelle le président de la République de l'époque était attendu mais ne put assister en raison d'un incident survenu lors de son voyage. Il est inscrit au titre des monuments historiques le 13 mars 2019 ; un arrêté de classement du 28 décembre 2021 se substitue ensuite à cette inscription. La ville de Montbrison compte par ailleurs d'autres monuments aux morts, notamment une colonne commémorative due au sculpteur lyonnais Prost, érigée en 1922 sur la place de la Grande Fontaine, devenue place des Combattants, ainsi qu'un monument dans l'ancienne commune de Moingt.