Origine et histoire
Depuis 1857, Savoyeux accueille une importante usine papetière fondée par la société Outhenin-Chalandre Fils et Cie. L'entreprise façonne le village aux XIXe et XXe siècles : vers 1865 l'usine est agrandie et un logement construit, et vers 1890 une cité ouvrière est aménagée au centre du village. Dans la dernière décennie du XIXe siècle, l'ensemble industriel s'enrichit de hangars, d'une scierie et d'une forge, d'un magasin et d'un bureau, ainsi que d'une cheminée et d'un bâtiment abritant la machine à vapeur. La famille Outhenin-Chalandre occupe le château, devenu maison patronale, dont l'architecture porte les traces d'aménagements des XVe et XVIIIe siècles. Le monument aux morts est installé entre la cité ouvrière et le château pour commémorer les 19 habitants de Savoyeux morts durant la Grande Guerre. L'édifice est commandé puis offert à la commune par Marie-Louise Regad (1867-1952), fille d'un maître de forges de Quingey et épouse de Gaston Outhenin-Chalandre (1853-1907), industriel et sénateur de la Haute-Saône de 1900 à 1907. Leur fils René Outhenin-Chalandre, adjudant au 12e bataillon des chasseurs alpins pendant la Grande Guerre, est blessé le 15 octobre 1915 et meurt des suites de ses blessures le 11 novembre 1915 à l'hôpital auxiliaire de Valence. La réalisation du monument est confiée au sculpteur Albert Pasche (1873-1947), né à Plaimpalais (Suisse) et formé aux écoles des beaux-arts de Besançon puis de Paris, dans les ateliers d'Alexandre Falguière et d'Antonin Mercié. Pasche est professeur à l'école des beaux-arts de Besançon à partir de 1896, expose au Salon des artistes français dont il devient membre en 1905, et y reçoit plusieurs médailles, notamment pour Ariane Abandonnée (1903) et pour le Monument funéraire de Clarisse Bourdeney (1909, cimetière du Père-Lachaise à Paris).