Origine et histoire du Monument funéraire romain
Le Monument funéraire romain sculpté dans le rocher, dit le Saint‑Fleuret, se trouve en bordure de la Creuse sur la commune de Sauzelles (Indre), en région Centre‑Val de Loire. Taillé directement dans un affleurement rocheux, il mesure environ 3,50 à 4 mètres de largeur pour environ 3 mètres de hauteur. L'ensemble est composé d'une plinthe surmontée de quatre pilastres cannelés qui supportent une architrave également cannelée. Vers leur tiers supérieur, des consoles sont accolées aux pilastres et portent des arcatures formant trois niches abritant chacune une statue en bas‑relief. La niche de gauche représente une jeune fille vêtue d'une longue tunique, la niche centrale un homme aux jambes découvertes tenant un chien, et la niche de droite une femme tenant de la main droite un vase en forme d'aiguière, un petit chien étant assis sur une stèle à côté d'elle. Au‑dessus de l'architrave, une frise divisée en trois compartiments présente les panneaux latéraux ruinés tandis que le compartiment central porte une inscription. Une inscription plus large se développe sur un panneau d'environ un mètre sur cinquante centimètres, composé de cinq lignes à demi effacées. Les deux premières lignes montrent des lettres régulières et soignées, tandis que les dernières, moins régulières, semblent avoir été gravées postérieurement, ce que confirme la présence du mot filia écrit de deux manières différentes. On peut y lire des éléments tels que « Dis Manib(us) » et des fragments qui ont permis à différents spécialistes d'interpréter la dédicace comme étant adressée à une épouse nommée Monime (ou Monima) et à une fille nommée Servilla (ou Serville), le nom du commanditaire n'étant pas conservé dans la partie lisible. Daté entre le IIe et le IIIe siècle, il s'agit d'un monument funéraire gallo‑romain qui a été signalé dès 1873 par F. Voisin et classé au titre des monuments historiques par arrêté du 5 juillet 1905. En 1976, un débroussaillage organisé par la municipalité permit de découvrir au sommet du monument une urne en verre bleu‑vert, de forme prismatique, contenant des restes osseux et portant la lettre « D » sous le fond ; cette urne est datée de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle. La même année, le centre de recherches archéologiques de Saint‑Marcel, sous la direction du professeur Jean‑Jacques Hatt, réalisa un moulage en latex qui mit en évidence des détails masqués par les effets du ruissellement sur la roche. Une comparaison des documents anciens et du moulage montre l'action destructrice du gel et de l'érosion : un chien tenu dans les bras du personnage central, visible sur un dessin de 1873, est aujourd'hui pratiquement invisible. Le moulage permet toutefois d'apercevoir d'autres chiens figurés : l'un assis sur un autel à côté de la femme de droite et un autre « faisant le beau » au pied de la figure féminine de gauche. Plusieurs restitutions et lectures de l'inscription ont été proposées, notamment par Voisin, Otto Hirschfeld et Isabelle Fauduet en 1983, sans qu'un texte intégralement certain puisse être établi. Ces analyses convergent toutefois vers l'interprétation d'une dédicace familiale en hommage à l'épouse et à la fille du commanditaire.