Origine et histoire du monument national de la Victoire de la Marne
Le Monument national de la Victoire de la Marne à Mondement-Montgivroux commémore les combats livrés du 6 au 12 septembre 1914 lors de la première bataille de la Marne. Implanté sur une colline du sud-ouest de la Marne, à neuf kilomètres de Sézanne, le site associe le monument, un musée installé dans l’ancienne école, l’église et son cimetière, ainsi que le château du village. Dès 1920, le Parlement décida d’ériger à Mondement un monument à la mémoire des armées alliées engagées dans cette bataille, la loi de finances du 31 juillet 1920 prévoyant la conservation de certains secteurs du front et l’élévation de monuments pour perpétuer la mémoire des victoires de la Marne. Mondement fut choisi en raison de sa position stratégique sur le front des marais de Saint‑Gond, point qui verrouillait l’accès des forces allemandes vers Paris et où les Français freinèrent l’avancée ennemie le 9 septembre. À l’issue d’un concours en 1929, la réalisation fut confiée à l’architecte Paul Bigot et au sculpteur Henri Bouchard ; les travaux, engagés en 1931, se poursuivirent jusqu’en 1938 et l’inauguration, initialement prévue en septembre 1939, n’eut lieu qu’en septembre 1951 en raison de la Seconde Guerre mondiale. Élevé et financé par l’État, le monument est la propriété du conseil départemental de la Marne depuis 1969 et son entretien mémoriel est assuré principalement par l’Association Mondement 1914 - Les soldats de la Marne - Joffre - Foch. Le site a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 4 octobre 1991 ; il a par ailleurs été visité par le Premier ministre Manuel Valls en septembre 2014.
Le monument s’élève à 35,5 mètres au sommet d’une colline culminant à 209 mètres et offre un vaste panorama sur les marais de Saint‑Gond au nord et le plateau de la Brie et la plaine de la Champagne crayeuse au sud. L’édifice, situé légèrement à l’écart du village entre le château et l’église, prend la forme d’une borne colossale coulée sur une armature métallique dans un béton contenant des agrégats roses de Moselle ; ses fondations descendent à 22 mètres de profondeur. L’ensemble du site comprend le monolithe gravé de bas‑reliefs et d’inscriptions, une table d’orientation, le musée, l’église et le cimetière, ainsi que le château.
Sur la face nord, la Victoire ailée est représentée en allégorie féminine traversant l’orage, entourée de trompettes annonçant le triomphe, et la Fresque des généraux, en bas‑relief à la base du mégalithe, porte les effigies des officiers ayant commandé pendant la bataille — Sarrail, de Langle de Cary, Foch, Joffre, Franchet d’Espèrey, French, Maunoury et Galliéni — ainsi que la figure du soldat de la Marne. Au‑dessus figurent deux inscriptions : l’une célèbre la victoire en évoquant la bataille sur un front de Verdun aux portes de Paris et la retraite de l’ennemi, l’autre reproduit l’ordre du jour du 6 septembre 1914 signé par Joffre rappelant la nécessité d’attaquer et de tenir les positions. La face sud porte la dédicace « À tous ceux qui sur notre terre, du plus lointain des âges, dressèrent la borne contre l'envahisseur » et la liste gravée des armées alliées et de leur situation au 6 septembre, chaque nom étant placé face à la direction qu’elle occupait au début de la contre‑offensive. La face ouest porte les noms des corps d’armée britanniques engagés sous le commandement du maréchal French.
Dans l’église et sur le mur du carré militaire du cimetière se lisent des inscriptions rendant hommage au 77e régiment d’infanterie et aux zouaves de la Division marocaine. Sur le mur d’entrée du château est scellée une plaque à l’effigie du général Humbert, qui commanda la Division marocaine lors de la bataille des marais de Saint‑Gond et ordonna au 77e régiment de reprendre la position de Mondement. Le musée, installé dans l’ancienne école communale, présente l’histoire de la première bataille de la Marne, l’histoire locale liée à ces combats et une approche culturelle de la Grande Guerre.
Depuis l’inauguration nationale en 1951, une cérémonie commémorative se tient chaque premier dimanche de septembre à Mondement, rassemblant délégations étrangères, attachés militaires, historiens et vétérans ; en 2014 une des cérémonies liées au centenaire de la bataille s’est déroulée sur le site. La visite de Mondement comprend le monument, le musée, l’église et le cimetière ; le château reste une propriété privée. Les bénévoles de l’association accueillent les visiteurs chaque dimanche de juin à septembre, et les groupes peuvent être reçus toute l’année pour des visites guidées. Les soldats tombés dans ce secteur ne sont pas inhumés à Mondement même mais reposent, dans un rayon de 10 à 20 kilomètres, dans quatre nécropoles : la nécropole nationale de Fère‑Champenoise (près de 6 000 soldats français), les nécropoles nationales de Soizy‑aux‑Bois et de Courgivaux, ainsi que le cimetière militaire allemand de Connantre (près de 9 000 soldats allemands).