Origine et histoire
Dans le village alors profondément rural et protestant d'Abbévillers, le conseil municipal décide en 1919 d'élever un monument pour commémorer les 18 habitants morts pendant la Grande Guerre. Le monument, initialement prévu pour être placé sur la façade de la mairie et encastré dans la porte du milieu, se situe aujourd'hui sous le porche de la mairie, au 35 Grande Rue, et est intégré au mur du bâtiment. La mairie-école, reconstruite entre 1877 et 1901 par l'architecte de Montbéliard Jean Frédéric Jules Fallot, avait été achevée peu avant l'installation du monument, et le choix du sculpteur et de l'emplacement aurait pu être influencé par Julie Vergon, institutrice et cousine germaine d'Armand Bloch. La commune retient Armand Bloch pour la réalisation ; le devis s'élève à 11 700 francs et le contrat est signé le 14 février 1920. L'œuvre est achevée et inaugurée en 1921. Le monument, qui figure aujourd'hui parmi ceux commémorant les soldats de la commune morts lors des conflits du XXe siècle, est un moyen-relief en marbre blanc logé dans un arc cintré. Il représente la silhouette d'une jeune fille vêtue de l'habit traditionnel local, dite "diaichotte", accompagnée des armoiries de la ville ; la figure tient une branche de laurier dans la main droite, et une gerbe ainsi qu'une charrue sont sculptées au pied, rappelant la vocation agricole de la commune. Une inscription porte la dédicace : « ABBEVILLERS À SES ENFANTS TOMBÉS AU CHAMP D'HONNEUR 1914-1918 ». Armand Bloch, né à Montbéliard dans une famille de sculpteurs de monuments funéraires, s'était installé à Paris en 1882 dans l'atelier d'Alexandre Falguière et, malgré un parcours de formation interrompu vers 1885, reçoit de nombreuses commandes, expose aux Salons et réalise de nombreux monuments et bustes. Après la Première Guerre mondiale, il est largement sollicité par les communes autour de Montbéliard et exécute notamment onze monuments commémoratifs entre 1919 et 1924, dont celui d'Abbévillers.