Origine et histoire
La « mosquée de l'Arsenal des Galères » ou « mosquée des Galériens Turcs » est un édifice situé dans le parc Valbelle, dans le 8e arrondissement de Marseille. Longtemps présenté comme le vestige de la mosquée du cimetière de l'arsenal des galères, construite au début du XVIIIe siècle pour les esclaves et forçats ottomans puis transformée en kiosque après divers transferts, son attribution a été révisée depuis les années 1990. Des études, notamment celles de Régis Bertrand, proposent qu'il s'agisse en réalité d'une chapelle privée constituée en 1927 par l'industriel Paul Rouvière à partir des restes d'une villa du 291 rue Paradis, détruite en 1926. Les pierres utilisées proviendraient du deuxième étage du « Kiosque Bonaparte », une guinguette à architecture orientalisante édifiée par l'ingénieur Léon Cahier en 1860-1861 et détruite en 1885.
Un cimetière musulman existait dès la fin du XVIIe siècle près du carrefour de la rue Sainte et de la rue de la Paix Marcel Paul, puis fut transféré entre 1723 et 1725 sur un terrain de 540 toises carrées acquis et entouré de murailles par la confrérie de la Rédemption des captifs, à l'intérieur du pâté de maisons entre le cours Pierre-Puget et la rue Roux de Brignoles, au sud de la place Monthyon. Selon une lettre de l'intendant de marine François-Noël Laurent Levasseur de Villeblanche datée du 16 décembre 1749, cet espace comprenait « une mosquée, un puits, un hangar pour leurs dévotions funèbres et un local destiné à la chaux et outils nécessaires aux inhumations des Turcs ». Jean-Baptiste Grosson notait en 1777 la présence, au fond du cimetière, d'un petit édifice où les esclaves turcs prenaient part à des prières certains jours. Vers 1792, l'ensemble cultuel fut progressivement occupé par l'arsenal d'artillerie, malgré une décision du conseil municipal visant à restituer l'ancien cimetière.
Inscrit au titre des monuments historiques le 15 juillet 1965 sous l'appellation de « mosquée », ce monument constitue aujourd'hui une trace mémorielle de la présence des galériens et des esclaves turcs en France. Les travaux cités rappellent également l'ampleur de ces phénomènes : entre 1680 et 1696 on dénombrait 2 040 « Turcs » parmi 7 970 rameurs valides des galères de France, et entre 1682 et 1707, 5 594 « Turcs » furent immatriculés sur les registres des galères selon Pierre Boyer. L'arsenal des galères devint ainsi, selon des historiens cités, un lieu de déportation et d'ensevelissement massif où près de vingt‑cinq mille hommes auraient été enterrés dans le cimetière jouxtant le bâtiment entre 1680 et 1748.