Origine et histoire de la Grande Mosquée de Paris
La Grande mosquée de Paris et l'Institut musulman forment un ensemble néo‑mauresque construit entre 1922 et 1926 d'après les plans de Maurice Tranchant de Lunel et réalisés par les architectes Robert Fournez, Maurice Mantout et Charles Heubès. Conçue comme un geste officiel d'amitié envers l'islam, la mosquée commémore les musulmans morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale et a reçu une subvention de l'État au titre de la loi du 19 août 1920, complétée par une souscription auprès des musulmans d'Afrique du Nord et la Société des Habous et des Lieux Saints de l'Islam. Édifiée sur un terrain offert par la Ville de Paris à proximité du Jardin des Plantes, elle associe une mosquée, une bibliothèque, une madrassa et des salles d'études et de conférences, et rassemble aussi des jardins, des annexes et des services (restaurant, salon de thé, hammam, boutiques). Pour contourner la loi de 1905 sur la séparation des cultes, la création de l'Institut musulman a permis d'organiser le financement et la gestion via une structure à statut particulier. La construction en béton armé reçoit des décors importés du Maghreb — tuiles vertes, faïences, mosaïques, fer forgé — réalisés à Paris par des artistes et artisans maghrébins. La mosquée, d'inspiration hispano‑mauresque et almohade avec des références aux mosquées de Fès et à la Zitouna, présente une grande porte ornée de motifs floraux stylisés et un minaret dont la hauteur est généralement donnée pour 33 mètres, certaines sources et l'architecte Maurice Mantout mentionnant toutefois 26 mètres. L'ensemble occupe 7 500 m2, dont environ 3 500 m2 de jardins, et la salle de prière peut accueillir jusqu'à 1 000 fidèles ; l'édifice dispose de salles d'ablution et d'un accès pour personnes à mobilité réduite. La première pierre fut posée en 1922 et la mosquée inaugurée en juillet 1926 en présence de représentants politiques et de pays musulmans ; en 1929 le roi Fouad Ier d'Égypte offrit un minbar encore utilisé aujourd'hui. Des restaurations ont été menées par tranches et une campagne de travaux est en cours sous la direction de Francis Dubois et François Jeanneau. Dès ses origines, la mosquée a suscité des réactions contrastées, entre critiques la considérant comme un instrument de politique coloniale et des positions hostiles de l'extrême droite, tandis que d'autres soulignent son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale où des actions de secours et d'hébergement de personnes persécutées sont rapportées, les évaluations du nombre de bénéficiaires variant selon les sources. Depuis 1921, la Société des Habous, association régie par la loi de 1901, assure la gouvernance et demeure propriétaire après la donation du terrain par la Ville ; la tutelle administrative a évolué dans le temps et des liens politiques et financiers avec l'Algérie ont été évoqués. La mosquée a été dirigée successivement par plusieurs directeurs ou recteurs, parmi lesquels Kaddour Benghabrit, Hamza Boubakeur, Dalil Boubakeur et, depuis 2020, Chems‑Eddine Hafiz. Sur le plan religieux et institutionnel, l'Institut musulman a joué un rôle dans la formation des imams (Institut Al‑Ghazali, 1993) et dans la certification halal, activité pour laquelle la mosquée a obtenu des prérogatives et a assuré depuis 2023 la certification pour les exportations vers l'Algérie. L'établissement reste un lieu visible de la présence musulmane en France et s'est impliqué récemment dans la Charte des principes pour l'islam de France, la création d'organismes de représentation, la lutte contre le racisme antimusulman et des actions de solidarité, notamment lors de la pandémie de Covid‑19. La Grande mosquée de Paris et son centre islamique sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et bénéficient du label « Patrimoine du XXe siècle ». Ouverte aux visiteurs tous les jours sauf le vendredi pour le culte, la mosquée propose des visites payantes, un restaurant de cuisine maghrébine, un salon de thé, un hammam non mixte et des boutiques, et reste accessible via les stations de métro Place Monge et Censier‑Daubenton ainsi que plusieurs lignes de bus. L'adresse principale destinée au public a été renommée parvis Abdelkader‑Mesli, et l'édifice a participé à la vie culturelle et cinématographique, servant de décor à plusieurs films. Enfin, la Grande mosquée a commémoré le centenaire de la pose de sa première pierre en 2022, manifestation marquée par des expositions et la visite du président de la République.