Origine et histoire de la Motte castrale
La motte castrale d'Hasencort, dite aussi château d'Hasencort, a donné naissance à la ferme d'Azincourt, à Émerchicourt (Nord). Elle se situe sur la ligne de partage des eaux entre l'Escaut et la Scarpe. Le toponyme Azincourt a été repris pour une compagnie minière, une carrière et une voie ferrée ; il ne doit pas être confondu avec la bataille ou le village d'Azincourt dans le Pas‑de‑Calais. Le site a une histoire ancienne : il est évoqué comme motte féodale ou tertre d'un tombeau gaulois, puis comme emplacement d'un château détruit en 1181 par Baudouin V de Hainaut. Le domaine fut repris au début du XIIIe siècle par Gille Brousse, seigneur de Denain et d'Hasencort. La ferme actuelle porte sur le porche d'entrée un chronographe daté de 1726 ; une distillerie y fut ensuite installée et des souterrains subsisteraient. En 1840, l'établissement entra dans la concession de la Compagnie des mines d'Azincourt ; à proximité subsistent le cavalier d'Azincourt et la carrière d'Azincourt. Le mont d'Azincourt culmine à 70 mètres et sépare les vallées de l'Escaut et de la Scarpe ; le calcaire affleure dans la carrière, au‑dessus de la nappe phréatique. La motte castrale illustre le morcellement du pouvoir médiéval et la diffusion d'un type d'éperon artificiel formé d'un tertre de terre rapportée, tirée du creusement des fossés, surmonté d'une palissade et d'une tour en bois, et accompagné d'une basse‑cour entourée d'un fossé et d'un talus palissadé. Dans le Douaisis, de nombreuses mottes ont été fouillées et ont livré des fossés médiévaux, des chaussées, des enceintes maçonnées, des donjons, des caves voûtées, des silos, des celliers et des vestiges d'installations agricoles couvrant la période du haut Moyen Âge au bas Moyen Âge. La ferme d'Azincourt s'est installée en 1726 au sommet d'un plateau calcaire ; près d'elle se trouve le mont d'Azincourt, tertre d'environ deux cents pieds de diamètre au sommet et de douze cents pieds de circonférence à la base, entouré de fossés encore bien marqués à l'ouest et parfois en eau. On a signalé sur ce tertre une tour ou des débris d'un château fort ; des fouilles ont révélé de la maçonnerie intérieure et ont laissé envisager l'hypothèse d'un tumulus gaulois. Un récit relate qu'en 1181 Gérard, prévôt de Douai et seigneur d'Émerchicourt, blessa gravement son cousin Berniers, seigneur de Roucourt ; pour le punir, Baudouin V de Hainaut fit incendier ses biens et raser le manoir seigneurial. Après d'autres violences impliquant le neveu du prévôt, Baudouin V incendia encore le village de Rœulx et détruisit les biens des parents du prévôt. Au début du XIIIe siècle, Gille Brouche (ou Broisse), seigneur d'Hasencort, occupait les lieux et vendit des cens et des terres à diverses reprises, notamment à des religieuses et à plusieurs seigneurs locaux selon des chartes conservées. Les armoiries de la terre étaient d'argent à l'aigle éployée de gueules, membrée et becquée d'azur ; le lieu s'écrivait autrefois Hasencourt ou Hasencort. Les bâtiments de la ferme datent approximativement de 1726 et, d'après les différents cadastres, ont peu évolué jusqu'à nos jours. En 1830 on rapporte que la butte et la ferme étaient autrefois accompagnées d'une église et d'un petit village ruinés pendant les guerres de Louis XIV, ce qui avait entraîné l'annexion de la paroisse au territoire d'Émerchicourt. En 1861, Hary d'Oisy‑le‑Verger exploitait la ferme sur 120 hectares et y fit fonctionner une distillerie agricole capable de traiter environ 20 000 kilogrammes de racines en vingt‑quatre heures ; il améliora les sols avec des cendres et de la chaux et répara les chemins en étalant des pierres. Les bâtiments étaient alors en ruine ; le comte de Moutiers, propriétaire, finança des travaux et le drainage, tandis que la culture de betteraves et de pommes de terre permit d'éradiquer le chiendent qui envahissait les terres négligées. De 1940 à 1968 la ferme appartint à Alfred Locquet et son épouse, qui en exploitaient 200 hectares, puis elle fut rachetée par Étienne Van De Weghe ; elle passa ensuite aux époux Bougaut qui y supprimèrent l'activité agricole pour créer les Haras d'Azincourt, activité réduite ensuite jusqu'à l'inoccupation après 1985. Le 21 juin 1997 fut déclarée l'association La Ferme d'Azincourt, dont l'objet porte sur la réinsertion, la formation, les actions sociales et culturelles et l'organisation de manifestations favorisant ces objectifs. En 2003 la communauté de communes Cœur d'Ostrevent acheta la ferme 130 000 € puis la revendit 50 000 € en 2012 ; un appel à projets de 2004 visait l'étude de faisabilité d'un développement touristique et culturel associant un centre de ressources sur les pratiques artisanales, un centre d'interprétation de la motte et des capacités de restauration et d'hébergement. En 2012, le projet privé retenu par la commune prévoyait l'installation d'une fauconnerie sur le site.