Motte de la Jacquille à Fontenille en Charente

Patrimoine classé Patrimoine Celtique Tumulus

Motte de la Jacquille à Fontenille

  • Le Gros Chêne
  • 16230 Fontenille
Motte de la Jacquille à Fontenille
Motte de la Jacquille à Fontenille
Motte de la Jacquille à Fontenille
Motte de la Jacquille à Fontenille
Crédit photo : Jack ma - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

Préhistoire

Patrimoine classé

Tumulus (cad. ZI 125, 126) : inscription par arrêté du 22 avril 1991. Accord du propriétaire au classement du 2 juin 2014. Présentation en CRPS du 30 septembre 2014. Commission nationale des Monuments historiques du 16 mars 2015 : proposition de classement des vestiges archéologiques et du sol des parcelles contenant le monument tumulaire. Classement MH en totalité le 11 décembre 2015 considérant que sa conservation "présente au point de vue de l'histoire de l'art, un intérêt public, car il constitue un témoignage de premier plan du néolithique en Charente, avec son exceptionnelle architecture et sa dimension paysagère, et parce qu'il forme une réserve archéologique importante pour la compréhension de l'évolution préhistorique régionale.

Origine et histoire de la Motte de la Jacquille

La Motte de la Jacquille est un tumulus néolithique situé sur la commune de Fontenille, en Charente. Établi à 112 m d'altitude, il domine les alentours et permet d'apercevoir les tumuli de Tusson à l'ouest et de la Folatière au sud. Le tumulus est un grand tertre circulaire de 31 m de diamètre et 2,8 m de hauteur, coiffé de deux murs de parement concentriques. Inclus dans ce tumulus se trouve un dolmen de type angoumoisin dont l'architecture est exceptionnellement complexe, notamment par la présence d'une porte à vantail mobile, unique en Europe. La chambre funéraire, quasiment rectangulaire et orientée nord‑ouest/sud‑est, mesure 4,20 m de long sur 2,20 m de large. Elle est délimitée par onze orthostates bouchardés, dressés dans une rainure creusée dans le sol naturel, dont la hauteur varie entre 1,90 m et 2,25 m. Selon Emmanuel Mens, plusieurs dalles proviennent du réemploi d'un autre monument démantelé. Les parois nord et est sont adossées à des murets de pierres sèches soigneusement équarris. La table de couverture a disparu ; la hauteur sous dalle était d'environ 1,80 m et divers blocs épars autour de la chambre pourraient être la table d'origine ; des traces de dallage ont été mises en évidence au sol. La paroi sud comportait une ouverture taillée dans deux dalles juxtaposées dont il ne subsiste que la partie supérieure ; l'ouverture mesurait 1 m sur 0,90 m. Côté couloir, elle était fermée par une porte de calcaire constituée d'une dalle de 1,10 m de hauteur, 0,85 m de largeur et 7 cm d'épaisseur, équipée de gonds tronconiques supérieur et inférieur. Le pivot inférieur tournait dans une crapaudine de 16 cm de diamètre creusée dans la dalle de seuil, longue de 0,92 m, large de 0,40 m et épaisse de 15 cm. Un dispositif similaire existait probablement dans un linteau supérieur ou une dalle de couverture, mais il n'a pas été retrouvé. Cette installation est considérée comme la plus ancienne porte en pierre connue en France à ce jour ; la dalle visible sur place est une copie de l'original conservé au musée d'Angoulême. L'extrémité du couloir, côté chambre, est marquée par deux orthostates ; le passage est coudé et s'oriente vers le sud‑est. Le couloir, long d'environ 11 m pour 1,10 m de largeur et 1,40 m de hauteur, est délimité par des murets en pierres sèches incluant des orthostates et alternant avec des éléments mégalithiques ; il était recouvert de dalles, dont deux ont été retrouvées. Une des dalles du couloir, proche de la porte, est taillée en arc de cercle dans sa partie supérieure et paraît constituer une stèle ; l'entrée du couloir était masquée par un muret se confondant avec le mur de parement. Le monument a été signalé pour la première fois par l'abbé Michon en 1848 puis par F. Marvaud en 1862 et Trémaud de Rochebrune en 1865, étudié par Auguste‑François Lièvre en 1881 et par Claude Burnez en 1976. Il a été exploité comme carrière et a subi de nombreuses fouilles clandestines en 1914, 1923, 1960 et 1978‑1979, puis a fait l'objet d'une première fouille archéologique limitée en 1982‑1983 dirigée par E. Gauron et d'une seconde plus complète en 2014 dirigée par Vincent Ard. La Motte de la Jacquille a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 22 avril 1991, puis classée par arrêté du 11 décembre 2015. Les ossements humains retrouvés ont été attribués à seize adultes et huit enfants. Le mobilier comprend deux types de céramique — l'une épaisse, brune ou rougeâtre à gros dégraissant, l'autre fine, noire et décorée d'incisions en lignes et en chevrons — ainsi que un outillage lithique composé de trois armatures de flèches tranchantes, dix armatures perçantes, un petit couteau, des éléments de grattoirs et dix‑sept autres silex. Un petit outillage en os (trois poinçons) a été découvert, de même que des perles de parure : une en os, trois en calcite et une en purpura lapillus. Les armatures de flèches tranchantes sont caractéristiques du Néolithique moyen régional, tandis que la céramique attribuée à la culture artenacienne indique une réutilisation du monument au Néolithique final.

Liens externes