Motte féodale de Toutencourt dans la Somme

Patrimoine classé Patrimoine défensif Motte castrale Motte féodale

Motte féodale de Toutencourt

  • Rue de l'Église
  • 80560 Toutencourt
Crédit photo : Ybroc - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

Moyen Age

Patrimoine classé

La motte avec son fossé, en totalité (cad. H 464) : inscription par arrêté du 11 avril 2012

Origine et histoire de la Motte féodale

L’intérêt porté à cette motte castrale provient à la fois de l’action d’une association locale et des recherches archéologiques qui ont permis de valoriser le site sur les plans scientifique et touristique. Les fouilles ont révélé une tour associée à une courtine et à des bâtiments, notamment des caves ; la motte est construite en grès et des systèmes de canalisation d’eau ainsi qu’une partie de la levée d’enceinte de la basse-cour ont été mis au jour. La motte castrale est un type de fortification en terre développé entre le Xe et le XIIe siècle, constitué d’un tertre important, souvent entouré d’un fossé, et surmonté d’une palissade et d’un petit donjon ou fortin de bois. Les formes de ces ouvrages varient selon les régions : certains s’appuient sur un relief naturel, d’autres sont entièrement artificiels sur terrain plat, et d’autres encore prennent la forme d’une levée de terre annulaire renforcée par une palissade. Faciles et rapides à édifier avec des matériaux abondants et peu coûteux, les mottes pouvaient être dressées grâce à une main-d’œuvre non spécialisée ; les fouilles et documents anciens suggèrent des volumes de l’ordre de quelques milliers de mètres cubes et une durée de travail estimée à environ 2 000 jour‑homme. Archéologiquement, ces tertres sont souvent construits en couches pour consolider le remblai, et des fouilles ont montré des aménagements successifs et une occupation prolongée. Sur le plan fonctionnel, la motte combine des usages résidentiels, défensifs et symboliques : elle abritait des logements, des magasins, parfois une chapelle, servait de point d’observation et matérialisait l’autorité seigneuriale dans le paysage. Les tours en bois élevées sur les tertres pouvaient offrir un confort certain, le bois et la terre étant des matériaux isolants ; elles étaient aussi des supports d’affichage social et de pouvoir par leur visibilité. La présence d’une basse-cour à l’emplage de la motte réunit les dépendances nécessaires à la vie du château (granges, écuries, ateliers) et crée un ensemble indissociable de défense et d’habitat. Les mottes participent à l’organisation spatiale médiévale : elles protègent voies et nœuds économiques, favorisent le défrichement et l’expansion des terroirs, et contribuent parfois à l’émergence ou à la réorganisation de villages. Les modalités d’implantation varient régionalement : dans les zones de relief, l’enchâtellement regroupe souvent population et église au pied du site fortifié, tandis que dans les régions de plaine la relation motte‑église peut être différente, l’église conservant parfois une primauté d’implantation. La prospection aérienne, développée notamment en France, collabore étroitement avec l’archéologie au repérage des mottes en utilisant des indices topographiques, d’ombre, de culture, d’humidité et de sol ; la toponymie (noms comme La Motte, Lamotte, Le Mottier) atteste aussi la survivance de ces structures dans le paysage. Vulnerables aux machines de siège, aux engins incendiaires et à l’usure du bois, les mottes ont progressivement été remplacées par des châteaux en pierre entre les XIe et XIIIe siècles, évolution accélérée par l’évolution des techniques, la raréfaction du bois et l’augmentation des moyens financiers et militaires. L’érosion naturelle, les labours, les aménagements forestiers et les fouilles clandestines ont fait disparaître de nombreux sites ; rares sont ceux protégés ou classés au titre des monuments historiques. La protection juridique, la sensibilisation du public et des opérations de restauration légère permettent toutefois de sauver et de mettre en valeur certains ensembles, comme l’exemple de la motte d’Olivet ou la préservation partielle transformée en jardin et inscrite aux Monuments historiques à Mauguio. Ces vestiges restent des sources essentielles pour comprendre l’organisation sociale, économique et militaire du haut Moyen Âge et l’évolution du paysage médiéval.

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