Période
XVe siècle, milieu XVIIIe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
Les deux piles sur lesquelles repose le moulin ; les éléments subsistants de la maison du meunier (cad. A 70) : inscription par arrêté du 6 février 1995 - Le moulin, y compris son mécanisme (cad. A 70) : classement par arrêté du 12 octobre 1995 - Le parc du moulin en totalité avec : la clôture ; l'ensemble des aménagements de jardins : rocailles, murs de soutènement, kiosques, belvédères, ponts, escaliers, serres, embarcadère ; l'orangerie dans ses dispositions d'origine ; les plantations et les sols des parcelles A 67 à 69, 71 à 73, 76, 120, 121, 1333, 1351, 1569, 1612 à 1617, lieudit Côtes du Moulin et Clos des Pins) : inscription par arrêté du 16 mai 2008
Origine et histoire du moulin
Le moulin d'Andé est un moulin à roue pendante édifié au‑dessus d'un bras de la Seine, appuyé sur deux piles en pierre de taille d'époque médiévale et porteur d'une construction à pans de bois. La construction actuelle date probablement du milieu du XVIIIe siècle, tandis que les piles remontent au XVe siècle. Il est mentionné dans les archives depuis le début du XVe siècle et décrit précisément dans un bail de 1691. La roue se trouve sous le plancher, immergée dans le cours d'eau, installée dans un cadre horizontal porté par des tirants verticaux. Des vérins de bois à vis permettent aux tirants de coulisser à travers l'épaisseur du plancher pour relever ou abaisser la roue selon le niveau de l'eau. Accolée au sud, la maison du meunier présente la même structure à pans de bois, et une enfilade de bâtiments en torchis et ossature bois prolonge ensuite l'ensemble vers le sud‑est puis le nord‑est. L'activité du moulin est attestée jusqu'en 1861 ; elle semble avoir pris fin définitivement en 1875, après la construction du barrage de Poses l'année précédente, qui a fait remonter le niveau de l'eau d'environ 1,20 m. Dans la première moitié du XXe siècle, le moulin appartint à Louis Renault et fut intégré à son domaine agricole. Transformé en centre culturel à partir du milieu du XXe siècle par Suzanne Lipinska, le moulin est devenu un lieu de création et d'accueil d'artistes. En 1962, Suzanne Lipinska, avec Maurice Pons et des confrères, fonda l'Association culturelle du Moulin d'Andé pour soutenir les arts, les lettres et l'artisanat. Le moulin a accueilli de nombreux écrivains, intellectuels et réalisateurs qui y ont vécu, écrit ou tourné, parmi lesquels Maurice Pons, René Depestre, Eugène Ionesco, Richard Wright, René de Obaldia, François‑Régis Bastide, Patrick Rambaud, Jean Lacouture, Georges Perec, François Truffaut, Louis Malle, Alain Cavalier, Jean‑Paul Rappeneau et Robert Enrico. François Truffaut y a tourné des scènes des 400 coups et de Jules et Jim, et Alain Cavalier y a réalisé des séquences du Combat dans l'île. À partir des années 1980, l'association a développé une activité musicale régulière, organisant concerts et master classes de musique classique. Chaque année, le moulin accueille aujourd'hui plus d'une centaine de concerts et spectacles, ainsi que des résidences et des projets de création. En 1998 a été créé le Centre des écritures cinématographiques (Céci), qui a soutenu plus de 400 projets et accueilli de nombreux artistes en résidence. L'été, le site reçoit l'Académie internationale de musique, destinée à l'approfondissement des compétences musicales sous la direction de professionnels. Le moulin a par ailleurs été restauré et réaménagé pour l'accueil : dépendances transformées en chambres, orangerie aménagée en théâtre, et création de salles dans l'étable, l'écurie et la remise pour colloques et réceptions. Il dispose aujourd'hui d'une salle de la meule, d'un théâtre, d'une orangerie, de 35 chambres, de six salles de réunion, d'un salon de café, d'une bibliothèque, d'une filmothèque et d'un parc de plus de 15 hectares. Sur le plan mécanique, il a conservé sa chambre des meules et l'ensemble du mécanisme en grande partie en bois : vérins à vis, tirants, arbre, grande roue dentée et les meules sur leur estrade ; la restauration complète de la roue est à l'étude. Le moulin constitue un exemple rare en France et en Europe occidentale de ce type d'unité de production parvenu jusqu'à nous dans un état de conservation exceptionnel. Les piles et les éléments subsistants de la maison du meunier ont été inscrits au titre des Monuments historiques par arrêté du 6 février 1995, tandis que le moulin et son mécanisme ont été classés par arrêté du 12 octobre 1995. Le parc, avec ses aménagements de jardins et l'orangerie dans leurs dispositions d'origine, a été inscrit par arrêté du 16 mai 2008 et s'est vu attribuer le label "Patrimoine du XXe siècle". Le site est également compris dans le périmètre de sites naturels inscrits dits du Moulin d'Andé et des falaises de l'Andelle et de la Seine.