Origine et histoire du moulin
Le jardin public du Moulin de Cassel, classé site archéologique, occupe le sommet de la ville de Cassel, dans le Nord. Il s’établit sur l’emplacement d’un ancien château gallo-romain dont subsistent des fondations et des fortifications visibles en contrebas du moulin, dans le lieu appelé « la grotte ». Le mont formait déjà une place forte stratégique dans l’Antiquité, capitale de la civitas des Ménapiens et mentionnée par Ptolémée sous le nom de Castellopolis. Des fouilles ont mis au jour des monnaies et médailles romaines, dont certaines remontent à l’époque d’Auguste, et attesté l’authenticité des constructions antiques. Après les premières incursions et installations franques, Cassel connut des périodes de déclin puis de renouveau au haut Moyen Âge, la Tour Grise du Comte étant érigée à l’époque d’Odoacre et dominant le site pendant des siècles. Le château subit de nombreux raids vikings et des conflits médiévaux ; il joua un rôle central dans l’histoire du comté de Flandre, notamment lors des batailles de 1071 et 1328. La bataille de 1677 précipita le démantèlement des fortifications et la destruction de la Tour Grise et du logis du gouverneur après la conquête française. À l’ouest se trouvaient le moulin du château, la Tour Grise et le logis du gouverneur ; à l’est, le « quartier des Ménapiens » accueillait la collégiale Saint-Pierre et les logements du chapitre. La collégiale, fondée sur l’ordre de Robert le Frison en 1076, abritait une relique attribuée à saint Pierre et la sépulture du comte ; elle a subi incendies, pillages et démolitions, et seules sa crypte et quelques vestiges subsistent aujourd’hui. Les travaux de démolition et de reconstruction entrepris à la fin du XVIIIe siècle furent interrompus par la Révolution : les fondations de la nouvelle église furent partiellement élevées, puis les matériaux et cloches furent dispersés et vendus. En 1828 on signalait encore un souterrain et un puits de construction romaine à l’emplacement du casino et d’un édifice voisin, vestiges d’un réseau souterrain qui alimentait autrefois le chapitre. Au XIXe siècle, il ne restait guère du château, hormis le moulin, la porte méridionale, la crypte et un mur gallo-romain ; l’espace fut progressivement aménagé en jardin public. Le moulin, dit Casteel Meulen, possède des mentions à partir du XVIe siècle et de 1562 ; plusieurs moulins ont existé sur le mont et le moulin actuel, issu du Brande Staeckmeulen d’Arnèke, fut installé en 1949 et demeure l’un des derniers moulins fonctionnels des Flandres, en attente de restauration. La porte méridionale, remaniée en 1621, porte les armes de la châtellenie, tandis qu’une autre porte septentrionale figurait sur un plan de 1695 dont la destruction reste non datée. Le monument aux trois batailles, érigé en 1873 à l’emplacement de l’ancienne collégiale, rappelle les combats de 1071, 1328 et 1677. La rampe alpine, réalisée en 1904 par l’architecte Emile Ponthieux en ciment armé, relie le jardin à la Grand’Place et comporte des motifs végétaux. Le Casino, construit en 1902 par Achylle Samyn et détruit en 2010, a eu des fonctions variées au fil du temps, tandis que des voûtes souterraines romaines et un puits profond subsistaient encore au XIXe siècle. La statue équestre du maréchal Foch, inaugurée en 1928 en sa présence, rappelle le rôle de Cassel comme lieu d’état-major durant la guerre de 1914–1918. Trois tables panoramiques du XIXe siècle offrent une vue d’environ 60 kilomètres et participent à la renommée du site, illustrée par le dicton local sur les « cinq royaumes » visibles depuis le mont. Enfin, le hêtre pleureur planté vers 1880, haut de 12 à 14 mètres, a été labellisé arbre remarquable en 2021, nommé plus bel arbre de France en 2022 et a concouru pour le titre européen en 2023. Le jardin public du Moulin de Cassel associe ainsi vestiges archéologiques, monuments commémoratifs et aménagements paysagers offrant un panorama sur la plaine flamande, la Belgique et l’Audomarois.