Origine et histoire du moulin de la Chaussée
Le Moulin de la Chaussée est un ancien moulin à eau de Saint-Maurice inscrit au titre des monuments historiques. Il se situe sur le bras de Gravelle, entre le quai de la République et l’autoroute de l’Est, à une centaine de mètres en amont du point où ce bras passe sous l’autoroute pour rejoindre la Marne. Il occupe l’emplacement d’un ancien pont‑canal construit vers 1860, remplacé depuis par un ouvrage routier. Le bras secondaire de la Marne a été régulé au milieu du XIXe siècle lors de la création du canal de Saint‑Maurice, qui a relié les îlots du lit et été bordé de digues ; ce canal a été comblé au début des années 1950 puis remplacé par la route nationale 4, elle‑même remplacée en 1973 par l’autoroute de l’Est.
Son nom rappelle la chaussée empierrée qui reliait le chemin de Saint‑Mandé (actuelle avenue du maréchal de Lattre de Tassigny) à l’église paroissiale. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, il a aussi été appelé « moulin de la Charité » en référence aux religieux de la Charité qui l’avaient acquis, et il a pris le nom de « moulin François » d’après la famille de meuniers qui l’a exploité jusqu’en 1972.
Le moulin est cité dès 1394. Il a été reconstruit en 1650 sur piliers de pierre, agrandi en 1779 avec l’ajout de deux étages et d’un grenier, puis élevé encore de deux étages au cours du dernier quart du XIXe siècle. En 1720, un pont de quatre arches a été édifié au nord sur le bras de Gravelle ; trois de ces arches ont été détruites par le rétrécissement du bras lors de l’aménagement du canal, et une seule subsiste. Un second pont à deux arches a été ajouté en 1787 côté sud, avec un logement de meunier qui a été détruit autour de 1900 lors de la création du quai de la République. La famille François a acquis le moulin de l’État en 1844.
En 1898, la roue à aubes pendante a été remplacée par une roue à aubes fixe couplée à une machine à vapeur alimentant trois appareils de broyage par l’intermédiaire d’un mécanisme convertisseur. Après un incendie, le bâtiment a été reconstruit et surélevé en 1904. La meunerie a cessé son activité en 1972 à la suite de l’expropriation décidée pour la construction d’une bretelle d’autoroute.
L’édifice a été préservé grâce à l’action d’une association locale et de la Fédération française des amis des moulins, qui l’a racheté en 1982 et entrepris les premiers travaux de sauvegarde ; la même année, il a fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques. La commune a acquis le moulin en 1991 ; une campagne de restauration a été menée de 1992 à 1995, puis les locaux ont été attribués en 2000 par le Conseil régional d’Île‑de‑France au Centre de formation universitaire par l’apprentissage. Depuis 2014, le moulin abrite également le siège de la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins.
Le bâtiment présente quatre étages carrés organisés en travées, dont les murs sont en moellons calcaires et comportent des pans de bois. Une travée en colombages de quatre étages, surmontée d’un toit pointu et adossée au mur ouest, résulte des travaux de restauration de la fin du XXe siècle. La roue à aubes conservée sur place n’est plus en état de fonctionnement.