Origine et histoire du moulin de Pierre
Édifié par les moines de Jumièges au cours de la première moitié du XIIIe siècle, le moulin de pierre d’Hauville est signalé dans des chartes de 1264 et 1304 et fouillé dans les années 1980, ce qui a permis de dater des maçonneries circulaires réutilisées comme caves et d’affiner l’hypothèse d’une construction entre 1212 et 1239. Le premier moulin, en bois sur pivot, aurait été détruit puis abandonné pendant la guerre de Cent Ans ; il est reconstruit en pierre au cours de la première moitié du XVIe siècle et apparaît de nouveau dans les comptes de l’abbaye de Jumièges en 1526, les droits lui étant confirmés par le pape Paul III en 1544. Représenté en 1672 avec ses ailes, il est particulièrement bien connu pour la série de baux et de réparations conservés aux XVIIIe et début XIXe siècles, qui témoignent de son exploitation et des travaux d’entretien réguliers. Plusieurs baux successifs le lient à des meuniers locaux, des réparations du mécanisme et du cabestau sont attestées dans les années 1740, et le moulin figure sur le plan terrier de 1748. Déclaré bien national et vendu en 1796, il est ensuite exploité au début du XIXe siècle, avec une capacité de production évaluée à neuf quintaux de farine par jour en 1802 puis à cinq quintaux en 1809 ; il est aussi mentionné dans le cadastre de 1826 et dans les statistiques industrielles de 1845. L’activité s’arrête définitivement après la guerre de 1870, période à laquelle le moulin sert de cache pour des francs-tireurs, puis il perd ses ailes et subit des dégradations progressives ; au XXe siècle, des photographies montrent la tour couverte de tuiles mais sans ailes, et en 1944 un obus endommage partiellement sa couverture. Au début des années 1970, la tour en assises régulières de silex et calcaire subsiste en ruine ; la famille Dezellus, propriétaire, et le futur Parc naturel régional de Brotonne portent alors le projet de sauvegarde. Un accord passé en 1974 avec le Parc conduit à l’inscription du moulin à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1979 et à la signature d’un bail emphytéotique en 1980. Les travaux menés en 1984-1985 par le Parc ont reconstitué la toiture en chaume, les planchers, le mécanisme et les ailes, et ont installé le matériel de mouture ; ces opérations, chiffrées à 400 000 F, ont été financées par le ministère de la Culture, l’établissement public régional, le ministère de l’Environnement et le propriétaire. Dix ans plus tard, une chaumière néo-normande a été reconstituée à proximité en remployant des matériaux provenant d’une maison démontée à Conteville afin de restituer la maison du meunier ; les vestiges d’une ancienne maison dite « du meunier », ruines photographiées en 1971 au lieu-dit La Mare Patin, avaient déjà fourni des éléments réemployés par la famille Dezellus. En 2010, le Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande a mené une seconde campagne de remplacement des ailes et du mécanisme. Le site, composé du moulin et de la maison du meunier, accueille aujourd’hui un musée et un atelier de meunerie dans la commune d’Hauville, dans le département de l’Eure.
