Origine et histoire
Le moulin de Thévalles, monument historique situé sur la rivière de l'Erve à Chémeré-le-Roi (Mayenne), se trouve sur la route de Chémeré-le-Roi à Saulges, à proximité des grottes de Saulges ; c'est aujourd'hui le seul moulin à eau de la Mayenne accessible aux visiteurs. Construit par les seigneurs de Thévalles en contrebas du château du XVIe siècle, il remplace deux moulins antérieurs édifiés au même emplacement, le premier étant cité dès 1260 et probablement d'origine très ancienne. En 1265, Hamelin Le Franc, seigneur de Chémeré, percevait une rente sur le moulin ; encadré de tours, l'édifice formait un élément du dispositif défensif du château et n'était accessible que par un seul côté, offrant refuge et autonomie à la population locale en cas d'attaque. En 1429, le moulin permit au seigneur Jean de Thévalles de résister à un siège anglais. Un second moulin et une maison de meunier furent édifiés après la guerre de Cent Ans, à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle ; une partie de la maison de meunier subsiste encore. Jusqu'au XVIIIe siècle, le moulin de Thévalles exerça la fonction de moulin banal : les habitants dépendant de la terre de Thévalles devaient y faire moudre leur grain s'ils résidaient à moins d'une lieue du château.
Reconstruit et modernisé en 1850 pour recevoir un mécanisme « à l'anglaise » pesant plus de trente tonnes, le moulin associe dents en bois et en fonte sur ses engrenages, caractéristique unique dans l'ouest de la France. La force motrice provient d'une roue hydraulique de 5,60 m de diamètre et de 2 m de large qui entraîne, via engrenages et courroies, un arbre de 12 m ; le fonctionnement des éléments mécaniques est observable à chaque niveau. Un système de poulies élève les sacs de grain et de farine, et une poulie extérieure permet de transmettre l'énergie du moulin à des machines installées à l'extérieur. Le rez-de-chaussée abrite le grand mécanisme d'entraînement, le premier étage les meules, le deuxième les blutoirs et les chambres à grain, et le dernier étage le monte-sacs. Le moulin a également assuré le pompage de la réserve d'eau du château et produit de l'électricité grâce à une dynamo.
Il a longtemps fabriqué de la farine d'épeautre, céréale traditionnelle de la région ; la culture de l'épeautre a été relancée en 1989 dans la vallée préhistorique de l'Erve. La farine vendue au moulin provient de l'agriculture biologique et le grain y est écrasé à la meule de pierre ; l'épeautre est présenté comme riche en acides aminés, minéraux et oligo-éléments. Le moulin a fonctionné jusqu'en 1958, puis a été restauré : il est ouvert au public depuis 1995, du 1er mai au 1er octobre, tous les jours de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, sauf le dimanche et le lundi matin ; des visites sur rendez-vous sont possibles toute l'année pour les groupes. Aux alentours se trouvent le Pays d'art et d'histoire Coëvrons-Mayenne, la Maison du Porche à Chémeré-le-Roi, la petite cité de caractère de Saulges avec son canyon, ses grottes et des sentiers pédestres menant au moulin, l'oratoire de Saint-Céneré, le pont piéton du XIIe siècle de Saint-Pierre-sur-Erve, la cité médiévale de Sainte-Suzanne et la cité gallo-romaine de Jublains.
