Origine et histoire du moulin Passe-Arrière
Le moulin Passe-Arrière est un moulin à eau situé 186 rue Saint-Leu à Amiens, dans la Somme. Son existence sur le bras canalisé de la Somme appelé bras des Clairons est attestée depuis le Moyen Âge ; il fonctionnait avec le voisin Passe-Avant pour moudre le blé et doit son nom au fait qu'il cédait la priorité d'usage de l'eau à ce dernier. Les archives diocésaines indiquent qu'il appartenait au chapitre de la cathédrale, qu'il fut déclaré bien national pendant la Révolution et vendu, et elles signalent aussi un ordre de démolition du moulin Passarrière dans la rue des Clairons en 1669. Les documents cadastraux et plans offrent des attestations partielles : le moulin n'apparaît pas sur le cadastre de 1812 mais figure sur le plan de 1823 et sur le cadastre de 1851. L'historiographie fournit des mentions plus anciennes — B. Dufournier relève des références en 1238 et en 1378 — tandis que l'analyse du bâti et des documents place le bâtiment actuel à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle, alors que l'ensemble des ateliers riverains, caractéristique du quartier Saint-Leu, ne semble pas antérieur à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Au XIXe siècle le mécanisme a été réaménagé : un plan de 1850 représente quatre roues hydrauliques verticales dans le même coursier, alors que le coursier sous galerie compte aujourd'hui deux roues à structure métallique. Le moulin conserve encore deux roues à aubes, mais très peu d'éléments de ses mécanismes subsistent ; il est prolongé par les anciens ateliers du même côté de la rivière. Au fil du temps il a connu des usages industriels variés, notamment comme usine de nickelage en 1933, et plusieurs propriétaires attestés, dont Grignier Lefebvre entre 1842 et 1859 — auquel on attribue la construction du logement patronal — puis M. Voiturier en 1899. Un fonds d'archives privées relatif au moulin est signalé. Propriété privée, le site a été racheté par la ville en 1984, endommagé par un incendie et protégé au titre des monuments historiques par arrêté du 27 juillet 1987.