Origine et histoire du Musée historique de la Papeterie
Le moulin de Richard-de-Bas, dernier édifice de ce type à avoir conservé son activité et son outillage traditionnels, est un témoin précieux de l'industrie papetière de la région d'Ambert, connue depuis le XVe siècle. Il est situé à Ambert, dans la région naturelle du Livradois, département du Puy-de-Dôme, au centre du Massif central. L'ensemble, qui comprend des bâtiments des XVIIIe (millésime 1720 sur la clé du portail) et XIXe siècles, a remplacé des constructions plus anciennes, probablement médiévales ; le site remonterait à 1326 et doit son nom à une famille de papetiers du XVe siècle, les Richard, Bas distinguant l'un des six bâtiments alignés le long du bief. Le corps de logis abrite les ateliers au premier niveau et l'habitation au deuxième ; un bâtiment en retour comprend un débarras et une étable au rez-de-chaussée et un séchoir à l'étage, complétés par une grange. La roue de dessus, charpentée en bois et à augets, actionnait cinq piles de trois maillets destinés à battre les chiffons et entraînait une presse à cabestan en bois utilisée pour essorer les porses de papier. Toutes ces constructions, d'une grande simplicité rurale, sont représentatives de l'architecture vernaculaire locale. L'invention de la machine à faire le papier en 1793 a marqué le début de la disparition des petits moulins ; le moulin de Richard-de-Bas a toutefois conservé intact son mécanisme essentiel — roue à aubes, cuvier et presse. Un musée du papier installé dans les bâtiments permet d'assister à la fabrication traditionnelle et le moulin continue de produire un papier de haute qualité employé pour la restauration d'écrits, d'aquarelles et de lithographies. La vallée de la Dore fut autrefois très dense en papeteries, jusqu'à 400 usines produisant du papier à partir de chiffons entre Thiers et Ambert ; jusqu'en 1850 on pratiquait le tannage des peaux, puis l'usage de chiffons pour la pâte à papier se généralise. Les façades et toitures de l'ensemble, les salles de la machinerie au rez-de-chaussée, les salles d'habitation à l'étage du bâtiment principal, la grange et le séchoir ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 30 décembre 1983. En 1940, Marius Péraudeau rachète le moulin alors à l'abandon ; il fonde l'association La Feuille Blanche, crée une colonie de vacances pour apprentis des arts graphiques et, en 1943, institue le Musée historique du papier dont il devient conservateur. En 1940, à l'invitation d'Henri Pourrat, le maréchal Pétain visite le moulin et commande une rame de papier filigrané à son emblème. Après la guerre, Péraudeau organise les visites de l'usine et collabore avec de nombreux artistes et écrivains — parmi eux Bernard Buffet, Salvador Dalí, Jacques Prévert, Léonor Fini, Jean Cocteau et Jean Giono — pour la réalisation d'œuvres imprimées sur papier Richard-de-Bas. L'activité redémarre en 1997 sous la direction d'Emmanuel Kerbourc'h, petit-fils du fondateur ; la SARL Moulins à papier du Val de Lagat a reçu le label Entreprise du patrimoine vivant en 2020. Le moulin a été mis en vente en 2022 et acheté en 2024 par Pascal Toupin.
