Origine et histoire du moulin Scée
Le moulin Scée est le dernier des huit moulins à eau de Gizeux, alimentés par les eaux du Changeon qui servent de limite avec la commune de Continvoir. Son dernier meunier, formé dans des minoteries de la région, y a travaillé de 1930 à 1972 et a contribué à sa modernisation en petite minoterie à cylindres. Son fils, qui l'a secondé pendant huit ans, en est actuellement propriétaire. Le bâtiment comporte cinq niveaux consacrés à l'activité de meunerie. Le rez-de-chaussée conserve la rotonde qui abritait l'ancien mécanisme entraîné par la roue ; celle-ci a été supprimée et remplacée par une turbine verticale qui occupe l'espace contigu. Les étages supérieurs conservent presque intégralement le matériel de meunerie : meules et appareils à cylindres, dispositifs de nettoyage des grains et de tri des semoules, treuils et remontoirs à godets, ainsi que toiles et sacs. Le moulin serait construit au XVIIIe siècle, son existence étant attestée par la carte de Cassini, mais sa silhouette actuelle semble remonter au XIXe siècle. Des reprises visibles sous l'enduit écaillé laissent penser que l'édifice a été élargi et surélevé — déliaisonnement de la maçonnerie et chaînages — probablement lors de l'installation des machines et du système de transport semi-automatisé des produits. Les baies ont été reprises et réduites, et certaines sont obturées ; la baie rectangulaire de la façade nord‑ouest est peut‑être le dernier vestige de la disposition ancienne. Le dernier meunier a percé une porte à la place d'une baie semi‑circulaire pour établir un passage direct du quai de débarquement des sacs au rez‑de‑chaussée ; cette ouverture n'apparaît pas sur l'élévation de 1930. La pente du toit côté quai a été modifiée et la trace en négatif subsiste sur le mur. La maison d'habitation côté route n'apparaît pas sur un plan de 1849 ; la boulangerie, construite au début du XXe siècle par l'avant‑dernier meunier, ainsi que la maison, sont représentées sur le plan de 1930. Les meuniers possédaient un vaste potager et élevaient porcs, lapins et volailles pour assurer un complément de revenu.