Origine et histoire
Le musée-bibliothèque de Grenoble est un édifice culturel du XIXe siècle situé place de Verdun, achevé en 1870 ; il a abrité la bibliothèque municipale jusqu'en 1970 et les collections du musée de Grenoble jusqu'en 1992. Depuis la fermeture du musée, le bâtiment accueille des expositions temporaires, des salons et, depuis 2004, un espace municipal d'information et d'expositions baptisé la Plateforme. La bibliothèque municipale trouve ses origines dans un achat de 1772 effectué par des érudits locaux après la mise en vente des livres hérités de l'évêque Jean de Caulet, tandis que le musée a été fondé en 1798 par le professeur Louis-Joseph Jay et des donateurs. Ces deux institutions se sont installées dans les locaux désaffectés de l'ancien collège des jésuites, transformé en École centrale puis en lycée. La bibliothèque s'y est installée en 1800, le musée y a pris place en 1802 après un bref séjour au palais de l'évêché, et un décret impérial vint enrichir ses collections de peinture. Face à l'accroissement des collections, la ville prit la décision de construire un nouvel édifice au milieu du XIXe siècle ; le conseil municipal adopta le principe du projet et l'architecte parisien Charles-Auguste Questel fut désigné. Les plans, discutés avec le conservateur Alexandre Debelle, furent remaniés afin de privilégier une grande salle rectangulaire pour le musée, puis validés par la municipalité. Questel rédigea le descriptif technique et choisit plusieurs pierres de taille pour l'édifice ; il confia le suivi des travaux à l'architecte grenoblois Hector Riondel, qui établit un devis global. La mise en adjudication eut lieu en 1864 et l'entreprise locale Ragis & Thouvard remporta le marché du gros œuvre. Le chantier se heurta à la présence d'anciennes fortifications et à des terrains alluvionnaires, ce qui imposa l'enfoncement de milliers de pieux de bois et entraîna des retards et des surcoûts. Au cours des travaux, des changements de pierre furent décidés, les pierres taillées furent livrées depuis des carrières ardéchoises, et la pose de la charpente métallique et des grandes verrières nécessita des collaborations entre entreprises. Le chantier connut plusieurs accidents du travail et des difficultés d'organisation entre maçons et serruriers, ralentissant l'avancement des opérations. Le second œuvre débuta en 1867 et se poursuivit jusqu'à l'été 1870 ; les adjudications concernèrent la menuiserie, la serrurerie fine et les décorations peintes, pour lesquelles un désaccord opposa le maire et l'architecte. Les peintres dauphinois réalisèrent la décoration pompéienne du vestibule tandis qu'un peintre parisien prit en charge le reste de l'édifice ; les menuiseries prévues pour accueillir 80 000 volumes et le mobilier de la bibliothèque furent livrés entre 1868 et 1869. La partie musée ouvrit au public en juin 1870, la bibliothèque en novembre 1872 après la réception définitive des travaux et l'installation des collections, et le coût final de la construction s'éleva à 1 699 377 francs. Sur le plan architectural, l'édifice se caractérise par des soubassements imposants, des salles monumentales et un vestibule dallé de marbres orné des noms antiques de Grenoble et de tables gravées portant les noms des créateurs et donateurs. La grande salle de la bibliothèque, haute d'environ douze mètres, présente galeries, double colonnade, cinq coupoles et peintures monumentales ; les salles de musée sont groupées en trois grandes pièces d'une dizaine de mètres de hauteur. À l'étage se trouvent des salles dédiées à des legs et collections — notamment la salle Agutte et celle dite Saint-Ferriol pour les antiquités égyptiennes — et un escalier hélicoïdal dessert l'ensemble du bâtiment. La façade, traitée en symétrie, réunit colonnes corinthiennes, sculptures allégoriques (œuvres de Roland Mathieu-Meusnier, Auguste Ottin, Hélène Bertaux, Ferdinand Taluet, Louis Auguste Roubaud et Henri Chapu), médaillons d'hommes illustres et candélabres inspirés de modèles romains. Des fissures constatées en 1929 conduisirent à une campagne de consolidation interrompue par la Seconde Guerre mondiale et achevée en 1946, qui mit en évidence des malfaçons dans la qualité du béton et la profondeur d'enfoncement de certains pieux. La bibliothèque quitta le bâtiment en 1970 et le musée ferma ses salles au public en 1992, les collections étant transférées l'année suivante, après quoi le monument fut consacré à des usages d'exposition et d'événements culturels. Le bâtiment est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1992 ; depuis 2016 y sont organisées des ventes de livres excédentaires, la salle principale accueille chaque année le Grenoble Street Art Fest depuis 2015 et chaque automne le Mois de la Photo depuis 2013, tandis que certaines salles restent sans vocation précise. La Plateforme, installée dans l'ancienne salle des sculptures sur 480 m2, fonctionne comme centre d'information sur les projets urbains et d'échanges entre habitants et professionnels de l'urbanisme. Le bâtiment a servi de décor au cinéma et a inspiré d'autres projets de musée-bibliothèque ; il est accessible par la ligne A du tramway de Grenoble, plusieurs lignes de bus Proximo et la ligne Transisère 6020 (arrêt Verdun-Préfecture).