Origine et histoire du Musée d'art et d'archéologie
L'ancien évêché de Senlis, situé au sud de la cathédrale, a été édifié et remanié au fil des siècles et abrite aujourd'hui le musée d'Art et d'Archéologie de Senlis. L'implantation du logis épiscopal est ancienne ; les premières mentions du palais datent du XIIe siècle et la chapelle du chancelier Guérin était en construction au début du XIIIe siècle. Des voûtes d'ogives datant probablement de la fin du XIVe siècle subsistent dans la cave et la salle du rez-de-chaussée. Le palais a été touché par un incendie en 1486 ; la Tour des Anges a été aménagée entre 1499 et 1515 et la galerie de style Renaissance a été élevée entre 1526 et 1567. Le cardinal de la Rochefoucauld a élargi l'évêché en réunissant l'hôtel du Jason et l'hôtel du Faisan, travaux achevés en 1624, et la façade a ensuite été remaniée, sans doute par le cardinal de Chamillart. Après la Révolution le palais a été réquisitionné et vendu comme bien national en 1791 ; il a ensuite accueilli diverses administrations, dont le tribunal, et a été utilisé à des fins militaires au XIXe siècle. La ville de Senlis a racheté l'édifice en 1858, y a conduit des travaux d'ouverture sur la cathédrale et y a installé diverses administrations et ateliers avant l'installation du musée.
Les collections ont commencé à se constituer grâce au Comité archéologique créé en 1862, qui installa un premier musée dans le palais épiscopal, ouvert le 10 juin 1867. La municipalité ouvrit un musée distinct en 1876, inauguré en 1887 dans la chapelle de l'ancien hôpital de la Charité, et les deux établissements ont connu des destinées croisées au XXe siècle. Le musée municipal a été transformé en musée de la Vénerie en 1934, entraînant la dispersion de nombreuses pièces historiques, tandis que le musée du Comité archéologique dut quitter l'évêché et s'installer dans l'hôtel du Haubergier en 1927. Après des difficultés liées à la guerre et à des problèmes de locaux, la ville a progressivement repris la gestion des collections et, en 1982, a transféré l'inventaire du musée de l'Haubergier vers l'ancien palais épiscopal. Le musée d'art et d'archéologie a été inauguré officiellement dans l'ancien palais épiscopal en 1989, renouant ainsi avec le musée fondé en 1867.
Classé monument historique en 1964, le bâtiment a fait l'objet d'une vaste campagne de restauration engagée en 2007 ; des découvertes archéologiques et des retards administratifs ont reporté la réouverture prévue, qui a finalement eu lieu lors de l'inauguration du 23 juin 2012. Les travaux ont permis la réfection complète des toitures, la restauration de la chapelle du chancelier Guérin, l'aménagement d'un ascenseur et la restauration de la galerie Renaissance et de la chambre des Anges.
L'édifice conserve des vestiges de la muraille gallo-romaine, des substructions antiques et, au sous-sol, les fondations d'une domus gallo-romaine du IIe ou IIIe siècle intégrées au parcours muséographique. Le corps central médiéval présente deux grandes salles voûtées d'ogives, originellement à deux vaisseaux, un mur occidental épais d'origine probablement du XIIe siècle et une façade principale refaite au début du XVIIIe siècle. La Tour des Anges abrite une petite oratoire voûté décoré de consoles sculptées d'anges musiciens, et la galerie Renaissance se distingue par ses baies, son cordon mouluré, ses pilastres ornés de losanges et de médaillons et ses chapiteaux sculptés. La chapelle du chancelier Guérin, disposée en retour d'équerre, conserve des fenêtres en arc brisé et une grande baie occidentale à deux lancettes ; son rez-de-chaussée présente de grandes arcades en arc brisé mises au jour lors des restaurations.
Le musée présente une collection de beaux-arts, d'arts décoratifs et d'archéologie locale et comptabilise 3 178 entrées au catalogue ; seule une sélection d'objets fait l'objet d'une exposition permanente. Parmi les pièces majeures figurent la statue en marbre L'Oiseleur de François Truphème, la crosse de l'évêque Guérin, une pietà du XVIe siècle, la « tête de Senlis » du XIIIe siècle, le buste de l'empereur Vespasien et le socle en bronze de la statue de l'empereur Claude. Le sous-sol met en valeur les vestiges du temple gallo-romain de la forêt d'Halatte avec près de trois cents ex‑votos anatomiques, ainsi que les fondations de la domus gallo-romaine découvertes in situ. Les collections modernes et du XXe siècle comprennent un ensemble notable d'artistes dits « primitifs modernes », enrichi notamment par les legs et dons d'Anne‑Marie Uhde et par des dépôts du Musée national d'art moderne, ainsi que des ensembles de peintures des XVIIe au XIXe siècles issus de dons et dépôts.
Le musée est ouvert du mercredi au dimanche, de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h, hors certains jours fériés, et propose la gratuité pour les moins de dix-huit ans, les bénéficiaires des minima sociaux et les Senlisiens ainsi que le premier dimanche de chaque mois ; un billet combiné pour les trois musées de la ville est proposé. Toutes les salles sont accessibles en visite libre et l'ensemble du musée est accessible aux personnes à mobilité réduite ; la tour des Anges et la galerie Renaissance ont été inaugurées le 24 novembre 2012.