Origine et histoire du Musée d'art et d'archéologie du Périgord
Le musée d’art et d’archéologie du Périgord (MAAP) est un musée municipal de Périgueux, le plus ancien du département de la Dordogne, fondé en 1835 et protégé au titre des monuments historiques. Il est principalement consacré à l’archéologie, aux beaux‑arts et à l’ethnographie non européenne et expose, sur plus de 2 000 m², environ un dixième des 45 000 œuvres de ses collections. L’origine du musée remonte à la collection réunie par le comte Wlgrin de Taillefer en 1804 dans la chapelle des Jésuites, puis installée en 1808 dans le vomitoire des arènes sous le nom de « musée vésunien ». À la mort du comte en 1833, ses antiquités furent léguées à Joseph de Mourcin, et la collection fut transférée en 1835 dans la chapelle des Pénitents blancs, aménagée par Louis Catoire. Le musée devint départemental en 1836 sous le nom de musée archéologique du département de la Dordogne, dirigé successivement par Joseph de Mourcin, l’abbé Audierne et le docteur Édouard Galy. Édouard Galy acheta et installa la collection dans l’ancien couvent des Augustins, libéré en 1866, et les transferts y eurent lieu progressivement entre 1869 et 1874; Michel Hardy lui succéda ensuite. À partir de 1857 une section beaux‑arts fut adjointes aux collections archéologiques et la ville créa en 1859 un musée municipal de peinture et de sculpture. Le legs important du marquis de Saint‑Astier en 1891 incita la ville à racheter le couvent des Augustins et ses abords; le Conseil général céda alors ses collections départementales et contribua financièrement à la construction d’un nouveau bâtiment. L’actuel édifice fut construit selon les plans de l’architecte Charles Planckaert et aménagé entre 1895 et 1903; Gérard de Fayolle, avec son adjoint Maurice Féaux, organisa et installa le nouveau musée. Le musée conserve un noyau archéologique formé autour des vestiges gallo‑romains de Périgueux et enrichi par des collections de géologie, de minéralogie, de préhistoire et d’antiques médiévales, ainsi que par des ensembles d’Égypte, de Grèce et d’Italie et par des collections ethnographiques venues d’Océanie, d’Afrique, d’Asie et des Amériques. Le 5 mars 2020, le musée a été inscrit au titre des monuments historiques.
L’aile est est consacrée à l’histoire et à l’archéologie; le parcours y rend hommage aux fondateurs et donateurs et présente des pièces médiévales majeures comme le diptyque de Rabastens, une Vierge en émail limousin et un vitrail de saint Silain, puis des œuvres des XVIe au XXe siècles. Les collections non européennes et la préhistoire sont exposées au premier étage, tandis que l’Afrique est présentée en rez‑de‑chaussée par des objets issus des cultures Kota, Bembe, Anyi, Bambara, N’guere et Nagô‑Yoruba, et l’Océanie par des pièces de Nouvelle‑Calédonie, de Papouasie‑Nouvelle‑Guinée, des îles Gilbert, des îles Salomon et des Marquises. Chaque objet y est présenté comme porteur de significations rituelles et symboliques. La section de préhistoire, longtemps au cœur de la réputation internationale du musée, montre d’importantes séries de silex taillés couvrant plus de 400 000 ans d’industries humaines et conserve des pièces remarquables telles que les squelettes fossiles de Regourdou et de Chancelade, des blocs peints ou gravés de l’abri Blanchard, ainsi que une riche collection de gravures sur os magdaléniennes. Le cloître, aménagé au XIXe siècle, relie les ailes est et ouest et présente des vestiges lapidaires gallo‑romains, médiévaux et de la Renaissance, notamment des sculptures de la basilique Saint‑Front, des retables, des décors d’hôtels particuliers et du mobilier funéraire.
Un projet d’inventaire des collections d’origine subsaharienne, mené avec cinq autres musées régionaux, vise d’abord à établir les provenances, puis à identifier les œuvres susceptibles de poser des questions au regard des communautés et des États d’origine; ces collections proviennent principalement de campagnes militaires, de la traite, de missions religieuses ou d’expéditions ethnographiques et pourraient faire l’objet de restitutions officielles si des demandes étaient formulées.
L’aile ouest abrite la section beaux‑arts créée en 1857 et composée par des dons, des achats régionaux, des dépôts de l’État et des acquisitions aux Salons de Paris; le legs du marquis de Saint‑Astier a été déterminant pour la constitution des collections. La rénovation de 2002 a organisé l’exposition permanente selon un parcours chronologique et chromatique, chaque couleur de salle faisant écho à une période, afin de mieux contextualiser peintures, sculptures, mobiliers et objets d’art. Les collections présentent aussi bien des œuvres d’artistes et d’artisans du Périgord que des peintures et sculptures représentatives des écoles françaises, flamandes, italiennes et espagnoles, ainsi que des porcelaines et faïences d’Europe et d’Asie. Près de l’entrée, une petite salle est dédiée aux expositions temporaires et à la présentation d’artistes contemporains, en attendant la mise en œuvre du projet scientifique et culturel.
Le musée appartient à la ville de Périgueux et bénéficie du label « musée de France ». Sa direction a été assurée par la conservatrice Véronique Merlin‑Anglade; depuis le 18 mars 2024, Gaëlle Gautier dirige le musée d’art et d’archéologie du Périgord ainsi que le musée Vesunna. Le MAAP organise en général trois à quatre expositions temporaires chaque année. Le tarif d’entrée est de 6 euros, les visites guidées sont proposées moyennant 1 euro supplémentaire, et le musée met à disposition plans, feuillets, carnets de découverte et jeux de piste. Des visites thématiques hebdomadaires, des ateliers créatifs pour scolaires et centres de loisirs et des animations lors des Journées européennes du patrimoine et de la Nuit européenne des musées complètent l’offre au public.
