Période
2e quart XVIIe siècle, 4e quart XVIIIe siècle, 3e quart XIXe siècle, 2e quart XXe siècle
Patrimoine classé
L'hôtel (cad. AI 142) : classement par arrêté du 11 février 1993 - Les parties non encore protégées de l'hôtel comprenant : les murs de clôture et les deux portes d'entrée, rue Victor-Hugo et rue de l'Amiral-Courbet ; la cour d'honneur pavée et tous les éléments constitutifs : le puits, l'allée des Chanoines pavée, la fontaine et la balustrade agrémentée de parterres, la statue du Mayeur Antoine de Berny par Auguste Carvin ; la maison des Chanoines en totalité et le jardin gazonnée qui l'accompagne ; la garage en totalité, situé dans l'axe de l'allée des Chanoines ; le bâtiment des communs, à droite en entrant dans la cour d'honneur, en totalité ; la maison au décor art-déco, n° 32, rue Victor-Hugo, en totalité ; l'orangerie en totalité ; l'annexe du logis du XVIIe siècle en totalité ; la pavillon du Zodiaque en totalité, boiseries comprises ; tous les jardins représentatifs des aménagements extérieurs où la nature tient sa place : le jardin dit japonais, le jardin dit du cloître, le jardin à la française en terrasse, le jardin dit mauresque, les parterres et l'allée axiale à l'arrière ; l'immeuble en totalité attenant au jardin mauresque (cad. AI 117, 140 à 142) : inscription par arrêté du 11 mai 2009
Origine et histoire du Musée de l'Hôtel de Berny
L'ancien hôtel des Trésoriers de France, dit hôtel de Berny, est un édifice en brique et pierre construit en 1633-1634 dans le style Louis XIII, avec un grand corps de logis et deux pavillons en retour caractéristiques du début du XVIIe siècle. Le cardinal de Richelieu y séjourna lors du siège de Corbie en 1636. Après la suppression de la charge de trésorier de France en 1790, l'hôtel fut vendu et devint une propriété privée. Il a connu d'importantes modifications : le portail d'entrée a été reconstruit en 1785, l'aile droite remaniée au XIXe siècle, des communs édifiés vers 1856 et un pavillon dit du Zodiaque aménagé dans les années 1930. Une vaste campagne de restauration menée en 1857 et 1860 fut confiée à l'architecte Louis Henry Antoine et aux frères Duthoit, qui réalisèrent également des sculptures de façade et des décors intérieurs. Acquis successivement par des membres de la famille de Berny, l'hôtel fut rassemblé et enrichi par Gérard de Berny, qui y réunit meubles, boiseries, tapisseries, tableaux et sculptures. Pillé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, il vit ses collections reconstituées après le conflit et fut légué à la ville d'Amiens par Gérard de Berny en 1957 pour y créer un musée consacré à la Picardie. Le musée d'Art local et d'Histoire régionale ouvrit au public le 13 juillet 1966 ; il est labellisé Musée de France et est fermé pour travaux depuis 2006.
Les collections présentent, dans la salle à manger, une cheminée monumentale soutenue par des atlantes attribués à Jean Goujon, provenant de l'hôtel de Robert de Montesquiou à Neuilly-sur-Seine. Le musée conserve de belles tapisseries du XVIIe siècle et des boiseries du XVIIIe siècle, notamment celles du salon La Fayette venues du château de La Grange-Bléneau et celles de la chambre dorée et de la bibliothèque provenant de l'abbaye de Corbie. Le mobilier comprend des pièces Louis XV et Louis XVI, dont des fauteuils recouverts de tapisseries d'Aubusson illustrant les Fables de La Fontaine, signés par François Foliot (le Jeune), Sené père ou Pierre Roussel, ainsi qu'un lit à baldaquin dans la chambre dorée. On y trouve aussi des céramiques de Montières de style Art nouveau et Art déco, des peintures de Lagrenée et d'Isabey, des pastels de Choderlos de Laclos, ainsi que des pièces d'horlogerie et des ferronneries couvrant du XVIe au XXe siècle. Les collections comprennent encore une importante série de faïences de la période révolutionnaire et de nombreux souvenirs liés à des personnalités marquantes telles que Vincent Voiture, Jean-Baptiste Gresset, Choderlos de Laclos, Jules Verne, Édouard Branly et le maréchal Leclerc.
Le pavillon du Zodiaque, conçu comme salon de musique dans les années 1930, abrite des boiseries du XVIIIe siècle provenant du château de Long, réalisées par les frères Huet, ainsi qu'un décor des signes du zodiaque peint par Pierre-Adrien Choquet ; il contient également un clavecin de Ioannes Ruckers daté de 1612 et une harpe de style Louis XVI. Le jardin, dessiné par Gérard de Berny à l'arrière de l'hôtel, est composé de quatre parties distinctes : un jardin japonais, un jardin à la française, un jardin romantique aménagé en cloître et un jardin mauresque. Sur la terrasse haute, le jardin à la française présente des parterres de gazon délimités par des boules de buis et un bassin central ; dans l'angle sud-est, un cloître gothique recouvert de lierre accueille une fontaine du XVIIIe siècle placée en 1957. Les différentes sections sont agrémentées de fontaines ou de bassins, de sculptures en pierre ou en métal, de vases monumentaux, de lanternes et d'un grand treillage qui complètent le décor.