Origine et histoire
En 1860, Charles Brillaud ouvre à Argenton-sur-Creuse le premier atelier de lingerie mécanique, marquant le début d'une industrie de la chemiserie-lingerie qui deviendra le principal employeur du canton jusqu'aux fermetures progressives des entreprises dans les années 1980. Au début des années 1980, dans le contexte de l'Année du Patrimoine, Jean-René Gravereaux et son épouse Solange, tous deux anciennement impliqués dans la confection, proposent de créer un musée pour préserver la mémoire industrielle locale et valoriser la qualité des produits. Ils fondent l'association des Amis du Musée de la Chemiserie-Lingerie (AMICL) avec le soutien d'anciens ouvriers, de patrons et d'élus ; à la création, l'association ne possède aucune collection et lance une vaste campagne de collecte. De 1983 à 1985, des dons et achats auprès d'entreprises locales (J.C.B. Confection, Royal France, Lordson, Rousseau) et de la population permettent de réunir du matériel, des outils, des articles de chemiserie et des documents illustrant les techniques, l'environnement social et économique de la profession. Ce fonds comporte des machines et outils pour la coupe, des machines à coudre, du matériel de repassage et des patrons datant de la fin du XIXe siècle aux années 1950-1960. Les collections textiles se recentrent sur la chemise masculine et, initialement, sur la lingerie féminine ; on y trouve notamment des chemises paysannes en lin ou chanvre du XIXe siècle et des chemises blanches à plastron des années 1880 au début du XXe siècle, ainsi que quelques pièces fabriquées localement et données par d'anciennes ouvrières. Les fondateurs s'attachent également à constituer une documentation sur l'histoire de la profession, des établissements de chemiserie et de la mode masculine. Constatant que le matériel technique seul ne suffit pas à comprendre le travail en atelier, la collecte évolue de 1985 jusqu'à l'ouverture du musée pour intégrer le vêtement et la silhouette masculine, la décision étant prise d'abandonner la lingerie féminine afin de se concentrer sur l'homme. Le musée est installé dans l'ancien atelier Brillaud rénové et passe d'un statut associatif à une gestion municipale le 1er janvier 1989. Il obtient le statut de musée contrôlé par la Direction des Musées de France le 21 décembre 1990 et ouvre ses portes en juillet 1993. La gestion est confiée le 1er janvier 1997 à la Communauté des Communes du Pays d'Argenton-sur-Creuse, qui s'agrandit en 2017 pour devenir la CDC Éguzon Argenton Vallée de la Creuse. Le musée relève des domaines thématiques de l'ethnologie, de l'histoire, de la technique et de l'industrie.
