Origine et histoire du Musée de la mine
Le site du puits Couriot tire son nom de Charles-Henry Couriot, ingénieur‑conseil de la société des Mines de la Loire, qui acquit en 1893 le terrain où se trouvaient déjà les puits Châtelus I et II, arrêtés en 1887. Après modernisation, Châtelus I reprit du service en 1899 et les installations furent progressivement adaptées selon les orientations de Couriot. En 1907, la décision fut prise de foncer Châtelus III pour répondre à la demande croissante de charbon ; une station électrique et des logements ouvriers étaient également prévus et validés par la direction. Le fonçage atteignit 727,25 m en 1914 et le chevalement fut installé, mais la Première Guerre mondiale interrompit les travaux, qui reprirent ensuite pour satisfaire les besoins du conflit. La société renforça alors son emprise foncière en acquérant les terrains et infrastructures avoisinants ; le puits devint pleinement opérationnel en 1919 et le site connut son apogée à partir de 1920. Un premier crassier apparut en 1936, un second en 1948 ; la Seconde Guerre mondiale affecta peu l’activité. Nationalisé en 1946, Couriot participa à la reconstruction d’après‑guerre, avant que le déclin des houillères ne s’amorce dans les années 1950 et n’aboutisse à la fermeture définitive en avril 1973. Le musée de la mine ouvrit ses portes en 1991 et l’ensemble du site fut classé au titre des monuments historiques en janvier 2011.
Les bâtiments conservés sont pour l’essentiel antérieurs à la Première Guerre mondiale : le chevalement posé en 1914, le bâtiment du treuil de secours, le lavabo de 1913 et l’ancienne lampisterie figurent parmi les éléments remarquables; le bâtiment de la machine d’extraction datant de 1936 est également présent. De nouveaux bâtiments administratifs et une lampisterie édifiée en 1948 surplombant les bassins d’exhaure complètent l’ensemble, tandis que la cour d’entrée est ornée d’un monument aux morts érigé en 1920. À l’ouest, l’entrée de la Fendue des Passerelles demeure visible ; les services administratifs du musée occupent les anciens bureaux situés au sud.
Installé dans les bâtiments du dernier puits stéphanois, le Couriot musée de la mine présente une galerie reconstituée et les bâtiments historiques du site : grands lavabos, salle de la machine d’extraction et salle d’énergie (compresseur et convertisseurs électriques), lampisterie, salle des compresseurs, atelier d’entretien des locomotives électriques et anciens accès à des ouvrages souterrains tels que le tunnel du puits de la Loire et la Fendue des Passerelles. Trois espaces d’exposition permanente, inaugurés en décembre 2014, proposent des ensembles thématiques dédiés à la figure du mineur (sculptures, reproductions, affiches, extraits de films d’archive), à la grande histoire de Couriot (maquette tactile, théâtre animé, coupe du puits, plans‑reliefs) et à six siècles d’aventure houillère (grand plan‑relief de 1889, maquettes, affiches, photographies, outils et objets du quotidien). Le site accueille par ailleurs une programmation culturelle de spectacles, projections et festivals et bénéficie du label Musée de France.
Le site couvre 15 hectares, 30 hectares en incluant les crassiers, et constitue le vestige le mieux préservé et le plus complet de l’activité houillère du bassin stéphanois. Les installations de jour, organisées en plates‑formes aménagées sur d’anciennes carrières, répondaient à la nécessité de faire circuler hommes, charbon et matériel ; les bâtiments de lavage et de triage de la plateforme basse dite "le plâtre" furent démolis en 1969. Les constructions de la plateforme intermédiaire conservées datent principalement de la Première Guerre mondiale pour les bâtiments administratif, la chaufferie, l’ancienne lampisterie, la salle de la machine et le petit lavabo, et de l’après‑guerre pour le grand lavabo et la nouvelle lampisterie. Dans sa configuration la plus récente, le puits pouvait accueillir près de 2 000 mineurs et plusieurs centaines d’ouvriers au jour. Pendant longtemps Couriot fut la vitrine et le siège de la S.A. des Mines de la Loire, principal puits du bassin jusqu’aux années 1930 puis siège administratif du secteur Ouest après la nationalisation.
L’histoire du site remonte à une exploitation attestée depuis le XVIIIe siècle, liée à la présence d’un anticlinal rejetant trois couches exploitables à faible profondeur dans le faisceau de Beaubrun ; les anciennes carrières fournissaient le grès utilisé dans les travaux souterrains jusqu’aux années 1930. À partir du début du XIXe siècle et surtout avec l’ouverture de la gare du Clapier en 1857, l’activité s’intensifia. La concession fut exploitée au XIXe siècle par plusieurs petites compagnies, absorbées progressivement par la S.A. des Mines de la Loire, qui fit du site son principal siège d’exploitation et d’administration. Des épisodes marquants jalonnent cette histoire, parmi lesquels l’explosion de 1887 qui fit 79 victimes et entraîna la fermeture d’un puits, l’achat de terrains environnants par la société pour limiter l’étalement urbain, la visite du maréchal Pétain en 1941, le démantèlement progressif à partir de 1971 et la fermeture définitive en 1973. Entre la fermeture et l’ouverture du musée, certains bâtiments ont servi de décors de tournage, notamment pour Le Juge Fayard dit Le Shériff (1977) et Le Brasier (1991).