Origine et histoire du Musée de la Tour aux Puces
La Tour aux Puces est l'ancien donjon du château féodal de Thionville, érigé aux XIe-XIIe siècles selon l'analyse architecturale. À quatorze côtés, elle repose sur une fondation circulaire haute de 2,5 à 3 mètres; certains auteurs y ont vu les vestiges d'une chapelle ou d'un domaine carolingien, mais cette assise paraît contemporaine de l'élévation polygonale. Les maçonneries sont en grande partie d'origine et comportent des blocs d'origines diverses, dont plusieurs réemplois d'édifices antérieurs. En revanche, la plupart des percements sont postérieurs et il ne subsiste des aménagements intérieurs primitifs que des corbeaux dans la cour, témoins d'un étage disparu. La tour, donjon des comtes puis des ducs de Luxembourg, occupe l'emplacement d'un palatium carolingien cité au milieu du VIIIe siècle et détruit au Xe siècle, et elle constitue le plus ancien monument de Thionville. En 1292 elle devient le siège de la prévôté, fonction qu'elle conserve jusqu'au milieu du XVIe siècle. À la fin du XIVe ou au début du XVe siècle une campagne importante modifie l'extérieur (nouveaux percements, adjonction de bâtiments annexes) et l'intérieur, avec la création d'un mur de refend et l'installation d'une cheminée ornée des armes de Jean IV de Raville. Intégrée au domaine militaire à la suite des travaux de remparage menés par les Espagnols entre 1542 et 1558, la tour est réaménagée dans la seconde moitié du XVIe siècle, avec de nouveaux percements et des transformations intérieures. Une inscription indique que les pièces du rez-de-chaussée sont voûtées en 1583; le voûtement des entresols et de deux salles du premier étage semble relever de la même époque, comme l'attestent les armoiries de Wirich de Créhange sur la clé de la salle 5. L'escalier en vis conduisant au deuxième étage et les deux colonnes de cet étage sont également attribués au XVIe siècle; ces colonnes devaient supporter des pièces de charpente, signe que la couverture polygonale à forte pente d'origine n'existait probablement plus alors. L'aménagement de la cour, tel qu'il apparaît sur des plans du XVIIIe siècle, pourrait remonter à ces grands bouleversements, tandis que des modifications de détail sont relevées aux XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Les projets de 1733 visant à transformer la tour en prison militaire n'ont guère été réalisés. Propriété du Génie au XIXe siècle, elle fait l'objet de restaurations sous l'annexion allemande; la couverture est refaite en 1880, en zinc côté Moselle et en tuiles côté cour. Les travaux de démolition des fortifications de 1903 dégagent la tour de ses constructions annexes, puis la ville la transforme en musée en 1904 avec la construction d'une terrasse et l'adjonction de créneaux côté rivière. Fortement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, la Tour aux Puces est restaurée pour la réouverture du musée en 1966. L'appellation « tour aux Puces » est une mauvaise traduction du francique Pëtztuurm, qui signifie « tour au puits » ; elle a été mentionnée en 1295 comme tour de Mirabel ou Meilbourg et appelée tour de Thion au XIXe siècle. Inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 11 mai 1932, la tour abrite aujourd'hui un musée présentant l'histoire de Thionville et de sa région, de la Préhistoire à la Renaissance, répartie en huit salles thématiques. Deux légendes locales entourent l'édifice : l'une évoque une pièce secrète et la disparition d'une clé au XIe siècle, l'autre raconte une princesse enfermée et attaquée par des puces, récits transmis oralement et sans valeur historique attestée.