Origine et histoire du Musée de Normandie
Le projet d'une nouvelle université à Caen, inspiré des campus anglo-saxons, a été lancé dès 1945 et les travaux se sont poursuivis de 1948 jusque dans les années 1970. Les bâtiments réalisés comprennent les locaux des sciences, le bloc droit-lettres et sa bibliothèque, les propédeutiques lettres et sciences, le grand amphithéâtre avec l'Aula Magna, ainsi que le bâtiment du rectorat, organisés selon un plan en U dont le point fort est le portique vitré reliant les bâtiments de droit et des sciences. Charles-Émile Pinson a sculpté trente figures gravées ornant les piliers du portique et Louis Leygue est l'auteur de la grande sculpture en bronze du Phénix, placée à l'entrée du domaine. Le Campus 1, conçu par Henry Bernard dans le cadre de la reconstruction après la destruction du palais des facultés, reste le campus historique de l'université et regroupe aujourd'hui les formations en sciences de l'homme et du vivant ; il accueillait 12 470 étudiants en 2018–2019, soit 49 % des effectifs caennais. Une partie de l'ensemble construit sur les plans d'Henry Bernard a été classée aux monuments historiques le 15 mai 2012 ; la cité universitaire, le parc, l'extension de chimie et le restaurant universitaire, pourtant prévus au départ, n'ont pas été inclus dans la protection.
Le campus est implanté au nord du château ducal, principalement sur un coteau entre la vallée de l'Orne et le plateau de la plaine de Caen, la partie nord (résidences universitaires et terrains de sport) étant située sur le plateau en continuité du Calvaire Saint-Pierre. Il est desservi par les lignes T1 et T2 du tramway de Caen avec les stations « Université », dans la partie basse (correspondance avec les bus 2, 4, 10 et 12), et « CROUS‑SUAPS » dans la partie haute.
Après la destruction du palais des facultés, le principe du regroupement sur un site unique a rapidement fait consensus ; plusieurs emplacements ont été étudiés avant que le terrain dit « du Gaillon », d'environ 32 ha sur le plateau au nord du château, ne soit retenu en janvier 1946 et approuvé par le ministère en mai suivant. Les prévisions d'effectifs ont d'abord fixé le projet à 1 700 étudiants puis ont été revues à la hausse pour atteindre 3 500, ce qui a conduit à fragmenter la réalisation en trois tranches pour des raisons budgétaires. L'avant-projet a été approuvé en juillet 1948, la première pierre posée le 13 novembre 1948, et les travaux ont commencé par le bâtiment des sciences en novembre 1949, puis par le bâtiment Droit‑Lettres et la bibliothèque en 1950. En 1953 ont été élevés le portique reliant les deux bâtiments, avec sa « galerie vitrée », et le bâtiment de l'administration abritant l'Aula Magna et le rectorat ; la cité universitaire a été érigée en dernier. L'école de médecine et de pharmacie, prévue comme élément indépendant, n'a finalement pas été réalisée. Les facultés de droit et de lettres se sont installées en 1954, la faculté des sciences en 1955, et l'université a été inaugurée les 1er et 2 juin 1957. Le Phénix de Louis Leygue, bronze de huit mètres, a été installé en octobre 1958.
Face à la croissance des effectifs, une seconde tranche de travaux a été engagée à la fin des années 1950 avec la construction d'un gymnase et d'une piscine près du restaurant universitaire, ainsi que de l'amphithéâtre Pierre Daure entre 1958 et 1961, dont l'aménagement intérieur a permis l'utilisation en 1967. Les bâtiments dits A et B, situés de part et d'autre du Phénix, ont été édifiés en 1962 (propédeutique lettres) et 1967 (propédeutique sciences), l'aile des sciences a été prolongée et la bibliothèque scientifique inaugurée en 1968 ; la cité universitaire a également été agrandie et une partie de l'ancien cimetière protestant a été amputée lors des remembrements. Confronté à des malfaçons et à des procédures en cours, Henry Bernard a renoncé en 1965 à renouveler ses fonctions d'architecte en chef du campus, mais il est resté en poste jusqu'en 1968 pour achever les ouvrages engagés. Le bâtiment de la présidence a été construit en 1970 et le rectorat a quitté les locaux de l'université pour ceux de l'école normale, rue Caponière, en 1988.
D'autres bâtiments ont été ajoutés ensuite, notamment une annexe de droit en 1970 par l'architecte Marcel Clot, l'amphithéâtre « 2000 », l'amphithéâtre Tocqueville en 1992, les bâtiments IRBA 1 et 2, la maison de la recherche en sciences humaines en 1995 et la maison des langues et de l'international en 2011 ; une extension de la maison de la recherche, inaugurée le 2 novembre 2015, accueille le Centre interdisciplinaire de réalité virtuelle et l'une des plus grandes salles immersives de France. Après quatre ans de travaux de restructuration, le bâtiment B a été rouvert le 5 septembre 2022.
Confié à Henry Bernard assisté d'Édouard Hur et de l'ingénieur Lamorère, le parti architectural assume une certaine monumentalité : premier campus à l'anglo‑saxonne en France, il est implanté à mi‑pente autour de deux bâtiments reliés par une grande galerie, formant un ensemble harmonieux et ordonné selon un plan classique souvent rapproché de l'œuvre d'Auguste Perret ; certains commentateurs ont comparé les pentes du Gaillon à une Acropole et les bâtiments à un Parthénon. L'université a été classée au titre des monuments historiques le 15 mai 2012 ; la protection porte notamment sur l'ancienne bibliothèque des sciences dans son intégralité, sur les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments prévus par le plan masse d'Henry Bernard, sur le portique central avec sa galerie vitrée, sur la grande cour d'honneur et l'esplanade avec la sculpture du Phénix, ainsi que sur plusieurs espaces intérieurs importants (le grand hall « Aula Magna », l'amphithéâtre Pierre Daure, la salle du conseil d'administration, l'amphithéâtre Jules Dumont d'Urville et, dans le bâtiment droit‑lettres, la « salle des pas perdus », l'amphithéâtre Jacques Héron, le bureau dit « du doyen » au premier étage, la grande salle de lecture du premier étage et ses peintures murales, ainsi que le hall d'accès au bâtiment des sciences avec son escalier). Les piliers du portique central portent trente sculptures de Charles‑Émile Pinson représentant « les grandes figures normandes », chaque figure mesurant 6,50 m.
Le Campus 1 regroupe la présidence et les services communs, de nombreuses unités de formation et de recherche — UFR Droit et sciences politiques, UFR Sciences de l'Homme, UFR Langues vivantes, UFR Histoire, UFR Géographie, UFR Psychologie — ainsi que des IUP, instituts (biologie fondamentale et appliquée, préparation à l'administration générale), la Maison de la recherche en sciences humaines (qui abrite le plan de Rome de Paul Bigot), le Centre d'enseignement du français pour étrangers, l'Office franco‑norvégien d'échanges et de coopération, des services universitaires (formation continue, information et orientation), les Presses universitaires de Caen et plusieurs bibliothèques spécialisées, sans oublier la maison de la culture, le centre de médecine préventive, un restaurant universitaire et des cafétérias, des cités universitaires (Les Peupliers, Les Tilleuls) et des installations sportives. Les éléments majeurs du site comprennent le parc du campus, la bibliothèque Droit‑Lettres, la cour d'honneur et le portique central décoré par Charles‑Émile Pinson.
