Origine et histoire du Musée de Vauluisant de la Bonneterie
L'Hôtel de Vauluisant abrite le musée dit de Vauluisant ou musée de la Bonneterie, consacré à l'art troyen du XVIe siècle et à l'histoire de la bonneterie ; le bâtiment est classé au titre des monuments historiques. Le site appartenait à l'abbaye Notre-Dame de Vauluisant au XIIe siècle ; l'édifice primitif a été détruit lors d'un incendie en 1524 et l'immeuble actuel est dû à Antoine Hennequin, receveur des tailles. Le corps gauche de l'hôtel est lié à la famille de Mesgrigny : Jean, seigneur de Marcilly, engagea des travaux à partir de la tourelle en 1624, poursuivis par François, et cette aile fut achevée en 1688. Rénové en 1863 par le Cercle troyen, le bâtiment fut acquis par la municipalité en 1932 pour servir d'annexe au musée Saint-Loup et y recevoir des collections d'arts décoratifs ; il prit sa dénomination actuelle en 1959. Des travaux de restauration ont été menés pour l'intérieur entre 1950 et 1953, puis sur les parties classées entre 1954 et 1957.
L'entrée se fait par un porche monumental formé d'un arc en plein cintre surmonté d'une corniche en oméga ; il ouvre sur une cour où se déploie une façade Renaissance encadrée de deux tours, et le bâtiment est desservi par un grand escalier en fer à cheval. La visite s'effectue sur deux niveaux et dans deux ailes : au premier étage se trouve une grande salle du XVIe siècle, avec de nombreuses poutres, des murs en appareillage champenois, une grande cheminée et le blason de la famille Hennequin, ainsi qu'une salle consacrée à l'art du vitrail. Le second étage présente un ensemble de peintures provenant des collections de l'Aube et des éléments de maisons troyennes, tandis que l'aile donnant sur la rue expose des machines anciennes de l'industrie de la bonneterie.
Le musée se compose de deux parties complémentaires : le musée de la Bonneterie, axé sur les métiers, outils et machines liés au vêtement et au tricot, et le musée historique de Troyes et de la Champagne, qui réunit œuvres religieuses, peintures et sculptures principalement du XVIe siècle. Parmi les pièces remarquables figurent le Polyptyque de la Passion attribué au Maître du Retable Le Page, provenant de la chapelle Saint-Jean, une Résurrection due au Maître de Clairvaux, un panneau représentant saint Dominique attribué à un anonyme champenois ou picard et provenant de l'église Saint-Pantaléon, ainsi que le Christ au roseau provenant de l'hospice Saint-Nicolas. Une salle didactique est consacrée aux vitraux troyens, dont plusieurs verrières et fragments identifiés — « Femme priant », une tête d'homme au turban accompagnée d'un combat d'animaux, des œuvres de Linard Gontier liées à l'Hôtel de l'Arquebuse, une tête de femme, un vitrail oxydé et une tête de saint Jacques. Le musée conserve aussi des éléments architecturaux et mobiliers : parties de maisons à pans de bois, poutres et pavement, la cheminée Hennequin, une fenêtre provenant de la place du Marché-au-Pain, un fauteuil dit d'Alèthe venant de Clairvaux et un coffre à « plis de serviette » daté du XVIe siècle.
