Origine et histoire du Musée des arts décoratifs et du design
L'hôtel de Lalande et l'ancienne prison municipale forment le siège du musée des Arts décoratifs et du Design à Bordeaux. L'hôtel particulier, construit à la fin du XVIIIe siècle vraisemblablement par l'architecte bordelais Étienne Laclotte, fut édifié pour Pierre de Raymond de Lalande. Bâti entre cour et jardin et couvert d'ardoises, il possède deux cours distinctes destinées aux écuries et aux offices. Le bâtiment conserve un décor architectural homogène dans le goût « à la grecque », malgré les dégradations causées par ses occupants successifs. Après des usages administratifs et policiers au XIXe siècle, une prison municipale pour hommes et femmes fut élevée sur l'emplacement du jardin selon les plans de l'architecte municipal Marius Faget. Cette prison, mise en service en 1886, resta en activité jusqu'en 1964. Le corps de logis principal fut libéré en 1924 pour l'installation d'un « musée d'Art ancien », remeublé dans le goût de la fin du XVIIIe siècle pour restituer un intérieur bordelais de l'époque. Fermé pendant la Seconde Guerre mondiale, le musée fut réaménagé et rouvert en 1955 sous le nom de « musée des Arts décoratifs ». La Ville de Bordeaux conserva la demeure et confia progressivement aux services culturels la gestion des collections ; les services de police quittèrent définitivement l'hôtel en 1964. Depuis 2013, l'institution a élargi son projet pour associer design et arts décoratifs, et en 2013 le nom a évolué pour devenir « musée des Arts décoratifs et du Design ». Le musée est fermé aux publics depuis janvier 2023 pour d'importants travaux de rénovation et assure une programmation hors les murs en vue d'une réouverture programmée en 2026. L'architecture extérieure présente une façade à cinq travées et trois niveaux, des pavillons en avant-corps abritant les escaliers et un perron à deux marches donnant sur une cour pavée en demi-lune. Les boiseries, reconstituées au premier étage lors de l'ouverture muséographique de 1924, viennent de quatre hôtels particuliers bordelais et offrent un panorama des styles du XVIIIe siècle. Le salon Vert et le salon des Singeries proviennent de l'hôtel de Gascq et reflètent le goût rocaille ; le salon Jaune, ou chambre Jonquille, provient de l'hôtel Dudevant et présente un décor néoclassique finement sculpté. Le salon Bordelais, d'inspiration Louis XVI, provient de l'hôtel de Jean Ravezies et constitue la partie la plus noble de l'étage. Les collections réunissent mobilier, céramique, verrerie, orfèvrerie, instruments, miniatures, arts de la table et objets de l'intime, témoignant des arts décoratifs bordelais et français des XVIIIe et XIXe siècles et de l'histoire de Bordeaux comme grand port au siècle des Lumières. Parmi les apports majeurs figurent les legs Bonie (1895) et Périé (1945), qui incluent d'importantes séries de céramiques maghrébines, ainsi que la collection Jeanvrot, léguée en 1966 et centrée sur les derniers Bourbons et des souvenirs coloniaux. D'autres dons et legs enrichissent les fonds, citons notamment ceux de Marcel Doumézy, André Lataillade, Pierre de Giovetti ou Robert Coustet. L'ancienne prison a été transformée après son activité carcérale pour accueillir des ateliers, des réserves et, depuis 2017, des expositions temporaires dans les espaces réaménagés à l'arrière de l'hôtel. L'ensemble hôtel-prison a été inscrit en 2016 puis classé au titre des monuments historiques en 2018. Parmi les conservateurs et directeurs qui se sont succédé figurent Paul Courteault (1924-1948), Xavier Védère (1955-1972), Jacqueline Du Pasquier (1972-1999), Bernadette de Boysson (2000-2012) et Constance Rubini (depuis 2013).